Jim Alcheik : Chronique abrégée de l'espion qui aimait l'Aïkido
Extraits
.../ Précisons que Jim Alcheik, d'origine turque selon certaines sources, est né en Algérie en juin 1931. Sa famille part rapidement vivre en Tunisie et le jeune Jim débarque finalement en France alors qu'il est encore adolescent.

Sur place, il fait la connaissance d'un homme qui va changer sa vie radicalement, il s'agit de Raymond Sasia qui enseigne notamment à Paris au Dojo Club Oda Alhambra. Ce dojo est, avec le Judo Club Opéra, rue Louis Le Grand, un des endroits mythiques du Budo Français. 

On appelle Raymond le "dernier aventurier" ou encore "le James Bond Français". Dans son ouvrage autobiographique intitulé "Mousquetaire du Général", il raconte sa carrière comme l'un des quatre "gorilles" du Général de Gaulle comme on les surnommait. Responsable de la sécurité du chef d'état dès 1961, héros de la libération depuis ses 16 ans, Raymond est le héros de la Caserne Prince Eugène qu'il a pris d'assaut été 1944.

Comme il le précisera lui même dans de nombreuse interview, "sa" salle de Judo, ouverte depuis le début des années 1950 est devenu peu à peu le "lieu bien connu des agents des services spéciaux" dont Raymond était réserviste mais aussi des personnalités du RPF, le parti du général de Gaulle, qui venaient s'y entrainer. C'est d'ailleurs là que sera organisé une partie des opérations qui ont permis le retour du général de Gaulle en mai 1958.

C'est dans ce contexte que Jim Alcheik découvre les arts martiaux Japonais mais aussi d'authentiques guerriers Français ayant vécu à la fois la clandestinité et différents champs de bataille (Raymond est lui même un survivant suite à une blessure liée à une grenade allemande). Ce sont ces combattants qui vont très probablement entrainer Jim puis finalement le recruter (à une date inconnue) et le former. Comme ne pas devenir un guerrier de l'ombre lorsque certains des pratiquants du Dojo sont des champions de toutes les catégories sportives, des soldats et commandos au service de la France Gaulliste, mais aussi des tireurs d'élite formé par le FBI de John Edgar Hoover.

Une histoire d'espions Français :

Dans ce contexte particulier, Jim Alcheik devient rapidement 3ième dan de Judo et il commence à voyager régulièrement dans les pays du Maghreb, principalement à Tunis (son pays d'adoption) où il ouvrira plusieurs Dojos de Judo à Tunis, Sousse et Sfax entre 1953 et 1955. Dans la même période, il effectuera son service militaire puis est introduit auprès de maître Minoru Mochizuki qui l'invite au Japon à son Institut de Shizuoka.  Il rencontre également des élèves de la base aéronavale de Karouba en 1954 dans le dojo de garnison où la température des entrainements atteint régulièrement 47 degrés à l'ombre.

Entre 1955 et 1958, Jim Alcheik va rester trois ans au Japon pour étudier profondément diverses disciplines auprès de différents maîtres (le Judo, le Kendo auprès de maître Ogura, le Iaïdo, le Karaté, et l'Aïkido de maître Mochizuki). C'est donc à cette période précise que son ouvrage Français est édité pour le grand public sous le patronage de Minoru Mochizuki. Le manuel modeste deviendra une sorte de prototype de l'Aïkido Yoseikan mais également une référence pour tous les amoureux d'histoire de la discipline.

C'est également Jim Alcheik qui va fonder rue Parmentier (dans le 11e arrondissement) avec l'aide de son oncle et d'autres personnes, dès son retour en France été 1958, la Fédération Française d'Aïkido, Taï-jitsu et de Kendo après de nombreuses discussions avec la fédération française de Judo et le ministère de la jeunesse et des sports. 

Dès octobre 1961, le député et avocat Pierre Lemarchand, le ministre de l'Intérieur Roger Frey et Alexandre Sanguinetti adjoint au cabinet du ministre, mettent en marche une importante force de frappe de plusieurs centaines de combattants de l'ombre (les barbouzes parce qu'ils agissent en "fausse-barbe" dans la presque clandestinité avec des méthodes que ne peuvent officiellement utiliser ni la police, ni les corps d'armée les plus classiques, ni les officiels du SDECE). Environ 200 à 300 hommes sont répartis en diverses cellules pour lutter par tous les moyens contre les putschistes et soutenir l'armée fidèle à De Gaulle.

En 1962, Jim est donc engagé (sans que l'on connaisse précisément la nature de ses activités) depuis quelques mois dans la lutte contre l'O.A.S, une organisation militaire et civile appuyée par certains membres des commandos deltas et opposée par les armes et des actions terroristes au désengagement de la France en Algérie. Les forces Gaullistes qui pourchassent les trois branches de l'organisation OAS soutenue largement par la population Française d'Algérie, mènent de nombreuses opérations en territoire hostile où les espions et les militaires luttent avec violence contre des espions et des militaires dans un théâtre de guerre d'indépendance et de coups tordus digne du film d'espionnage le plus noir. 

Jim Alcheik se trouve à cette période sanglante le chef de réseau d'un groupe de 25 hommes (dont 8 sont ses élèves et 4 d'origine vietnamienne, d'autres sont des membres expérimentés du Service d'Action Civique) qui représente l'un des groupes du commando TALLION.  Il prend régulièrement le nom de code LASSUS pour masquer ses activités et se déplace avec ses hommes de villas en villas. Dans les deux groupes (OAS contre Barbouzes) ceux qui sont capturés sont régulièrement torturés pour obtenir des informations sur les planques du camp adverse. Les villas et cellules découvertes par les deux groupes sont dynamitées, mitraillées ou systématiquement "purgées" de ses combattants.

Dans les moments de calme, Jim Alcheik continue d'écrire pour ses élèves et pour sa fédération ce qui constituera peut être un jour le deuxième tome de son premier ouvrage, plutôt destiné à servir d'introduction à l'enseignement qu'il a reçu de ses maîtres. Il n'aura toutefois jamais le temps de mesurer ses futurs succès.

Le 29 janvier 1962, un colis piégé (il existe également une version où il s'agit d'un accident car le colis est bourré d'explosif et ouvert avant l'arrivé des douanes sans précaution par Jim et ses hommes, une troisième version accuse la SDECE voulant se débarrasser du groupe devenu gênant du fait de ses rapports avec le FLN) est livré à la villa où le groupe est dissimulé. L'attentat fera 18 mort et ne laissera aucune trace de la jeune dépouille de Jim Alcheik, l'espion qui aimait l'Aïkido et le Français le plus titré des arts martiaux Japonais en Europe à cette période

Rédigé par Aïki-Kohaï
Publié dans #Pratique de l'Aïkido, #Arts martiaux, #Actualités-Nouveautés

https://aiki-kohai.over-blog.com/2022/01/jim-alcheik-l-espion-qui-aimait-l-aikido.html

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Mis en ligne le 18 avril 2025

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