A l’époque troublée de la fin de la guerre d’Algérie, la police et les services de renseignement traditionnels ne suffisent pas à remplir toutes les tâches. Pour les plus compromettantes, on recrute donc des volontaires ; on recrute si vite qu’on n’a pas le temps de vérifier les casiers judiciaires. Et puis ce n’est pas chez les enfants de chœur que l’on peut trouver des gens qui savent manier un Beretta ou une mitraillette. Qu’importe, alors, si, parmi les hommes chargés de défendre l’action du Général, de combattre l’O.A.S., il y a d’anciens membres de la « carlingue », la sinistre Gestapo française de la rue Lauriston. (C’est le cas de Georges Boucheseiche, dit le « gros Jo ».) Qu’importe s’ils sont proxénètes, tueurs, « braqueurs » de banques. L’essentiel est qu’ils obéissent.
Objectif : Formation rapide et envoi, notamment à Alger, d'une police très spéciale.
" Aux origines les plus diverses " est tout à fait exact. il fait appel aux anciens du service d'ordre du RPF, à tous ses amis corses, au premier rang desquels Francisci et les Venturi. Parmi les 300 hommes qui luttaient contre l’OAS, on comptait aussi Jo Attia, Jean Palisse et Antoine Lopez.(1) |
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Le ministère de l'Intérieur est bien placé pour recruter: il a sous la main, via l'administration pénitentiaire, tous les détenus " intéressants ". On recrutera pour Sanguinetti des tueurs dans les bas-fonds de Marseille : quelques mauvais garçons au casier judiciaire chargé (mais on leur promet de les " blanchir "). Les " barbouzes " ont carte blanche pour liquider les hommes des commandos Delta et les réseaux OAS. On avait commencé en fait par les employer pour liquider les membres des réseaux FLN en métropole. Munis de cartes de police et de ports d'armes, les truands marseillais font des ravages, en Algérie comme en France. (Éditions Alain Moreau 1976 " Dossier D. . . comme Drogue ", par Alain Jaubert) En 1961, un certain Raymond Meunier, dit " Raymond-la-Science ", condamné à six ans de prison pour vol à main armée, est libéré avec mission d'infiltrer les milieux OAS. Il travaillera surtout en métropole. Selon Leroy-Finville, chef de service du SDECE, qui le connaît pour l'avoir utilisé, c'est " le summum de la belle brute ; un colosse adipeux, difforme et flasque, une voix grasseyante aux intonations vulgaires... ". |
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La Sécurité militaire n'est pas plus " regardante " que la police. Sa recrue-phare est un certain Jean Augé, un second couteau de la Résistance devenu sans transition un caïd du milieu lyonnais. " Petit-Jeannot " reçoit l'ordre d'abattre à Alger deux agents du SDECE accusés de " trahison ".
Plus tard, en 1965, le colonel André devra reconnaître avoir utilisé le savoir-faire d'Augé " en diverses circonstances ", sans plus de détails. Augé est mort le 15 juin 1973, abattu au cours d'un règlement de comptes de nature indéterminée. Très vite, le MPC dispose de cinquante permanents, sans compter les chauffeurs et gardes du corps algériens fournis par le cheikh Zekiri, avec ou sans l'accord officiel du FLN. A Alger, Trois équipes : - Lavier : Place du gouvernement, bab el oued, square Bresson et Bd de la République. - Dubuquoy : centre d'El Biar. - Lecerf : Champ de manœuvre, rue de Lyon, Belcourt, Kouba et Hussein Dey. Goulay, Pelletier, Lavier, Franck, Hortenzi et Dubuquoy. - André Laurent à la sécurité militaire, coordonnait, analysait et traitait les renseignements et avait fourni, au MPC, des armes prises au FLN. Pour Orléansville, Guy Gits sera le responsable qui travaillera étroitement avec le préfet Mohand Ourabah. A Orléansville, deux chefs de secteur, huit responsables et vingt huit militants. Leur groupe de choc était constitué de six baroudeurs triés sur le volet. A Oran, ils étaient basés au "Chateau Neuf", QG du lieutenant-colonel Ranson, chef du 2e bureau qui fut executé par l'OAS et au collège Ali Chekkal protégés par les gendarmes. Suite à la riposte de l'OAS qui entreprit la traque des Barbouzes Goulay et Lecerf demandent des renforts à Paris. Le MPC s'attela à un nouveau recrutement de " soldats " plus ou moins recommandables par l'initiative de Dominique Ponchardier. | |
Envoi de la " mission C " et d'un corps de volontaires. Ces nouveaux commandos serait appuyés par le soutien logistique d'une nouvelle recrue ; Ettore Lobianco dit " Mario " assisté de Gérard Maugueret et de Michel Dirand. Gaston Quetel (vice président du MPC) assurerait l'information de Dauer sur les activités en Algérie, de ces hommes. Madame Lemarchand était chargée de transférer ces nouveaux venus que l'on appellera " colis ". Elle leur souscrira des assurances vie. 6 décembre 1961(3) arrivaient à Alger le père Peysson de son vrai nom Jean Dufour, Claude Vieillard, Marcel Pisano, ainsi que huit judokas et spécialistes de arts martiaux, quatre juifs d'AFN dont Joseph Touitou, Alain Belaïche, deux musulmans, le père et le fils Amar, et quatre vietnamiens commandés par Jim Alcheik dit " Lassus" judoka qui utilisa ensuite son dojo parisien pour recruter une partie des membres du groupe Action, Viorme, et de son adjoint Roger Bui-Thé. Tous spécialistes de sports de combats, ils formeront le commando " talion " qui montrera très vite une efficacité redoutable. Ils seront logés dans une cinquième villa qui sera vite abandonné au profit de la fameuse villa Andréa. Ils auront pour objectif principal : Annihiler la propagande OAS qui s'exprimait spectaculairement par des émissions de radio pirates. Le groupe Talion, qui a vraisemblablement servi de diversion au gouvernement de la république pour lui permettre de lutter contre l’OAS par d’autres moyens, fut décimé en peu de temps. Jim Alcheik mourut à Alger en janvier 1962, pulvérisé avec une vingtaine de ses élèves dans l’explosion d’une villa piégée par l’OAS. |
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Peu avant Noël, nouveau colis : Jacques Andréi.
Arrivé peu avant la fin de l'année à Alger, Clauzure, Biard, Pelletier, Hortenzi et Gauthier, tous membres du SAC (Service Action Civique) dont le chef sera Jacques Cohen " Mustapha ." Après le repliement à l'hôtel " Radjah " arrivée de Christian David agent du SDECE (qui assassinera le commissaire Gallibert). Débarquement des renforts recrutés dans le " milieu " marseillais. Dans la foulée François Marcantoni garde du corps d'Alexandre Sanguinetti et truand notoire, Ange Simonpieri , Marcel francisci, Dominique Venturi " Nick ", qui s'illustreront dans le domaine de la drogue, Glaise secrétaire de FO, s'impliqueront dans la lutte anti OAS | |
Dans son ouvrage "Histoire des barbouzes" (Éditions du Palais Royal, 1972), Lucien Bitterlin évoque surtout les premières équipes envoyées en Algérie sous le couvert du Mouvement pour la Communauté, et limite les activités des barbouzes à celles de ce groupe. Il y eut plusieurs centaines d'"envoyés spéciaux" de Roger Frey en Algérie, et Bitterlin ne cite qu'une vingtaine de noms, justement ceux qui sont morts au combat. Plusieurs de ces "barbouzes" deviendront agents électoraux ou gardes du corps, ou encore feront du renseignement pour les services secrets : Simonpieri devient garde du corps de Me Lemarchand ; Marcantoni, celui d'Alexandre Sanguinetti ; Christian David espionnera les groupes révolutionnaires sud-américains pour le compte du Sdece. | |
(1) Boucheseiche, Attia, Palisse et Lopez furent quelques années plus tard au centre de l'affaire Ben Barka. (2) Une auto piégée explose dans la cour du ministère des affaires étrangères, un mort 33 blessés. L'O.A.S. est accusée par les médias (bien sûr) mais à ce jour, on sait que c'est à la demande du premier ministre Debré que le responsable de la lutte anti OAS, Melnik a monté cette action avec ses hommes de main. Il le raconte en détail dans son livre "1000 jours à l'Elysée". http://perso.wanadoo.fr/guerredalgerie/1962%20Janvier.htm (3)Selon l'historien Jean Monneret, le groupe Talion aurait été fondé le 12 février 1962. cette date semble un peu tardive compte tenu de l'ordre rapatriement donné le 7 mars 1962. |