J'ai connu Pierre il y a une bonne vingtaine d'années, dans une de ces réunions de Pieds-Noirs qui proliféraient à cette époque là.
Nous avions échangé quelques mots et j'avais été frappé par sa culture, immense et sa simplicité bienveillante.
Comme moi il était oranais et même si notre différence d'age et nos quartiers éloignés l'un de l'autre auraient pu nous séparer, un lien que pour ma part je qualifierais d'affectif, s'est noué entre lui et moi.
Il connaissait sur le bout des doigts l'histoire de sa ville et me donnait des précisions sur tel ou tel nageur du quartier de la Marine qu'avait côtoyé mon père.
Par le net et la messagerie, je recevais, comme tant d'autres, ses analyses pointues sur l'histoire et sur le déroulé de l'actualité quotidienne.
Parfois je lui apportais une source d'information ou une contradiction et les échanges de courriels se multipliaient et devenaient passionnés.
Je lisais avec gourmandise ses messages et ses commentaires toujours ponctués de références historiques vertigineuses qui me poussaient à rechercher davantage et à compléter sans cesse mes connaissances.
Amoureux de son pays et de sa ville il mit son intelligence au service de notre communauté (Il fut Président national de la " Ligue du Droit des Français à disposer de leur mémoire ").
Il m'avait fait l'honneur de parcourir mon site et de piocher quelques pages pour parfois souligner ses propos.
Il envoyait sur le web ses commentaires, éclairés sur des sujets qu'il avait disséqués. Ils étaient ciselés et terrassaient souvent les interlocuteurs les plus acerbes.
Comme je m'inquiétais de son silence il me fit part de ses ennuis de santé et m'avait très nettement laissé entendre qu'il arrivait au bout de la route et il ponctuait :
" Ce n'est pas grave, tout à une fin ".

Que le Seigneur te reçoive Pierre, qu'il te garde près de lui et te console de la perte de ton pays tant aimé.
Repose en paix, nous nous reverrons bientôt.

Pensées à sa famille et à ses êtres chers.