Le climat de l'année

Glacial cet hiver 62. A l'image de l'accueil.

Même si on a enregistré des températures plus basses en 1956 et en 1985, c'est pas sa durée qu'il est considéré comme étant le plus rude du 20e siècle.
De la mi novembre au mois de mars, avec un froid extrême du 12 janvier au 6 février !
Quelques exemples : -26,9 °C à Ambérieu, -18°C à Alençon, -17,8 °C à Montpellier, -10,9 °C. 20 à 40 cm de neige à Marseille à Noel. Des trains arrêtés et la terre gelée sur 30 cm de profondeur qui provoqua la perte d'un grand nombre d'oliviers. C'est cette année-là que l'on vit des fleuves figés par la glace, formation de la banquise en mer du Nord et la terre gelée sur 60 cm de profondeur.


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Oui ce fut une année terrible dans tous les domaines. Même le temps semblait s'acharner sur notre malheur.
Désemparés par les évènements, par l'exil, par l'incertitude de l'avenir, par l'indifférence ou l'hostilité des autochtones, voilà que le climat se mettait de la partie et semblait lui aussi nous signifier que nous n'avions rien à faire sur cette terre de France.
La plupart d'entre nous, ceux qui habitaient le littoral, n'avaient vu la neige qu'en carte postale ou le temps d'une journée, quand le ciel d'Algérie en avait assez de rester bleu et s'amusait à blanchir les trottoirs d'Alger, de Bône ou d'Oran, d'un ou deux centimètres de poudreuse qui disparaissait au premier rayon du soleil. Bien sur on pouvait toujours trouver quelques rares privilégiés qui avaient les moyens de skier à Chréa ou en vacances en métropole, mais ceux-ci ne faisait pas partie du commun des mortels.
Les habitants de l'intérieur, où les hivers sont souvent rudes, avaient intégré ces manifestations climatiques, mais là aussi ce n'était pas la majorité. Et puis, une chose et de composer avec les éléments chez soi lorsque sa vie est structurée.
C'en est une autre de subir dans le dénuement, en des lieux étrangers, avec un psychique déliquescent, une épreuve supplémentaire.
Le froid persistant rendait les paysages et l'atmosphère encore plus inhospitaliers. Acheter couvertures et vêtements chauds était une gageure. Il fallait manger aussi ! Obtenir du charbon déjà était un exploit.
Les réflexions du genre "pour vous y'en a plus !" étaient monnaie courante.
Eh oui ! l'accent du fraichement débarqué était une carte d'identité qui ferma bien des portes aux nez.
Que soient bénis les commerçants généreux qui acceptèrent de faire crédit aux indésirables que nous étions. Ils ne furent pas nombreux et ils gardèrent longtemps comme clients ces "traine savates" reconnaissants d'avoir reçu des signes d'humanité inespérés.

photos : http://infometeo.bbgraph.com/t1467-hiver-1962-1963

"C'était un temps dur que ce temps-là,
J'en ai les larmes aux yeux quand je pense à tout ça."
S.Lama - Le temps de la rengaine

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Mis en ligne le 11 jan 2010
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