Ibrahim ben Aghlab fut le fondateur de cette dynastie. Son
aïeul s’était distingué par les services qu’il avait rendus aux
Abbassides dans le Khorassan et en Afrique. Nommé d’abord
commandant de la province du Zab, il s’y montra le plus ferme
soutien de l’autorité des khalifes d’Orient ; il châtia les Berbères
rebelles, et maintint la paix dans cette partie du Maghreb.
En 184 de l’hégire (800 de J. C.) il fut appelé au gouvernement
de l’Afrique par Haroun-er-Rachid(1). Il se déclara indépendant,
après avoir pris toutes les précautions qui pouvaient assurer le
succès de ses projets et le faire triompher du peu de résistance
qu’il rencontra. Déjà depuis longtemps les gouverneurs de l’Afrique
avaient vis-à-vis des khalifes la position de vassaux plus
que celle d’agents directement subordonnés. Ibrahim ne fit donc
en quelque sorte que constater un fait accompli en substituant son nom au nom du khalife dans la prière qui se Prononce
chaque Vendredi dans toutes les mosquées pour le souverain.
Il réduisit par les armes les chefs des diverses provinces du
Maghreb oriental, qui lui disputaient le pouvoir ; il abolit une
partie des impôts qui pesaient sur les villes et sur les tribus ;
il organisa une armée de noirs esclaves, achetés par lui, qui
devint le principal instrument de sa domination ; il fonda non
loin de Kairouan une forteresse dont il fit le siége de son gouvernement.
Enfin, par la concentration de ressources militaires
de tout genre, il établit sur des bases solides un pouvoir qu’il
transmit à ses enfants.
Quatorze princes aghlabites régnèrent de 184 à 296 de
l’hégire (908 de J.C.), c’est-à-dire pendant cent douze ans. Leur
autorité s’étendait des frontières de l’Égypte jusqu’aux limites
orientales actuelles de la province de Constantine. Sous le règne
de Ziadet-Allah, second successeur d’lbrahim, les Aghlabites
firent la conquête de la Sicile sur l’empire grec, vers l’an 215 de
l’hégire (824 de J.C.) (1 ). Une portion de l’île resta dès lors
annexée aux possessions des Aghlabites ; mais ils eurent souvent
à y réprimer, d’une part, les révoltes de la population chrétienne,
de l’autre, les tentatives quelquefois heureuses des gouverneurs
musulmans pour se rendre indépendants. Sous les successeurs
de ce prince, les incursions des Arabes d’Afrique désolèrent
toute la côte de l’Italie : ils poussèrent jusqu’à Rome, dont ils
pillèrent un des faubourgs en 219 de l’hégire (834 de J.C.) ; ils
ravagèrent la Toscane, Naples, la Pouille, la Calabre, et mirent le
siége devant Gênes. Ils s’emparèrent de la ville, et emmenèrent
une grande partie des habitants comme esclaves (835 de J.C.).
Les Aghlabites fondèrent à la sortie de Kairouan la ville de
Rakkada , qui devint pour les savants de l’islamisme un des centres
d’études les plus renommés. Ibrahim ben Ahmed, onzième
prince de cette dynastie, est cité par les chroniqueurs arabes
comme ayant fait régner dans ces États une exacte justice et mis
le peuple à l’abri des exactions des grands. Le plus humble de ses sujets, lorsqu’il avait le droit pour lui ; pouvait en toute assurance
lui porter plainte, même contre les membres de la famille
royale. il condamna sa propre mère, dans une affaire civile où
elle avait tort. Il purgea le pays des brigands qui l’infestaient, et
il comprima énergiquement plusieurs révoltes. Cette dynastie,
comme celle des Édrissites, fut renversée par celle des Fathimites,
dont il sera bientôt question.
(1) Voyez Univers pittoresque, ARABIE pages 427 et suiv.
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Mis en ligne le 02 septembre 2012