Le référendum du 28 septembre 1958

http://www.legifrance.gouv.fr/html/constitution/constitution.htm

Discours de De Gaulle Le 29 août 1958, à 17 heures sur les ondes de Radio-Alger.

" Le 28 septembre prochain, les Algériens de toutes communautés vont, en complète égalité et d'un seul mot " oui " ou " non ", influer d'une manière directe sur le sort de la France.
Car de leur vote dépendra, pour une part, ou bien la rénovation des institutions nationales ou bien le retour aux errements qui ont failli jeter la République aux abimes.
" Leur vote contribuera aussi à établir sur des bases nouvelles les rapports de la métropole aussi bien que de l'Algérie avec les territoires de l'ensemble français situé au sud du Sahara. A ces territoires qui viennent de me donner les plus éclatants témoignages de confiance et d'attachement, leur degré de développement permet, en effet, d'assumer eux mêmes leur gouvernement intérieur, tandis que de multiples motifs politiques, économiques, culturels, ainsi que d'émouvantes raisons de sentiment les portent a demeurer liés à la France en une libre communauté. Le referendum en décidera solennellement. " Par leur vote, enfin, les habitants de l'Algérie vont fournir une réponse a la question de leur propre destin. Car, si dures que soient les épreuves ou les place une lutte fratricide, quelle que puisse être l'idée que se font les uns ou les autres de ce vers quoi devrait tendre le statut de leur pays, une fois la paix revenue et les déchirements passés, les bulletins qu'ils mettront dans l'urne auront sur un point capital une claire signification. Pour chacun, répondre " oui " dans les circonstances présentes, cela voudra dire, tout au moins, que l'on veut se comporter comme un Français a part entière et que l'on croit que l'évolution nécessaire de l'Algérie doit s'accomplir dans le cadre français.
" L'évolution de l'Algérie! C'est cela qui, au temps ou nous sommes, importe ici par dessus tout. C'est par rapport a l'obligation ou se trouvent les Algériens quels qu'ils soient et les métropolitains quels qu'ils soient de faire effort en commun pour que ce pays devienne prospère au profit de tous ses enfants, que l'on doit considérer aujourd'hui les perspectives politiques.
Faire en sorte que chacun accède a un niveau de vie tel que soient assurées sa subsistance, sa dignité, sa sécurité et celle des siens, que le rendement des terres, l'hydraulique, le reboisement, soient activement poursuivis, que bientôt, grâce au pétrole et au gaz sahariens, s'installent les vastes ensembles industriels qui transformeront l'Algérie, que tous les garçons, toutes les filles, de toutes les villes et de tous les villages reçoivent enfin l'instruction, qu'une formation professionnelle organisée développe la valeur des travailleurs, que l'enseignement et la loi rendent les administrations, les cadres des armées, les postes économiques, les professions libérales, accessibles a un beaucoup plus grand nombre de jeunes Algériens depuis Dunkerque jusqu'à Tamanrasset, voila ce que commande le simple devoir humain !
Voila qui répond aux impératifs de ce monde et de ce siècle !
Voila la tache que la France est résolue à mener à bien et dont, malgré toutes les traverses, elle continuera d'assumer la responsabilité. En comparaison, les combats et les attentats ne sont rien que vies perdues, forces perdues, chances perdues. Revienne la paix, que les Algériens, mis a part les fanatiques, appellent de toute leur âme et que notre armée, jour par jour, nuit par nuit, est en train de leur assurer, on verra un immense espoir se lever sur cette terre malheureuse. Ici même, le vote du 28 septembre sera un nouveau départ donné à l'œuvre humaine de la France ! "

Chronologie sommaire

10 mai 1958
À Alger, manifestations appelant les pouvoirs publics à tout faire pour défendre la présence française en Algérie.
13 mai 1958
À Alger, les Français d'Algérie avec l'aide de l'armée se révoltent. Un Comité de salut public présidé par le général Massu exige des députés qu'ils refusent leur confiance au président du Conseil, Pierre Pflimlin (MRP). Le général Salan, chef des forces françaises en Algérie, déclare prendre en main " les destinées de l'Algérie française ".
14 mai 1958
Pierre Pflimlin est investi par l'Assemblée nationale. Appel du général Massu au général de Gaulle qu'il presse de sortir du silence.
15 mai 1958
À 12 heures, à Alger, le général Salan, sous les acclamations, lance " vive de Gaulle ! ". À 17 heures, le général de Gaulle de sa retraite de Colombey-les-Deux-Eglises, déclare dans un communiqué : " je me tiens prêt à assumer les pouvoirs de la République ".
24 mai 1958
Les insurgés d'Alger s'emparent de la Corse. Des rumeurs d'envoi de troupes aéroportées sur Paris et de coup d'État militaire circulent.
27 mai 1958
Le général de Gaulle publie un communiqué : " J'ai entamé le processus régulier nécessaire à l'établissement d'un gouvernement républicain ".
28 mai 1958
Démission du gouvernement Pflimlin. Les partis de gauche et les syndicats manifestent pour la défense de la République.
29 mai 1958
Message au Parlement du Président de la République, René Coty : " Dans le péril de la Patrie et de la République, je me suis tourné vers le plus illustre des Français, vers celui qui, aux années les plus sombres de notre histoire, fut notre Chef pour la reconquête de la liberté et qui, ayant ainsi réalisé autour de lui l'unanimité nationale, refusa la dictature pour rétablir la République ".
1er juin 1958
Dan un climat de complots et de manœuvres de toutes sortes, le général de Gaulle reçoit l'investiture de l'Assemblée nationale (329 voix contre 224) pour former un gouvernement disposant des pleins pouvoirs pour six mois avec mission d'établir une nouvelle Constitution.
4-7 juin 1958
Premier voyage du général de Gaulle en Algérie.
12 juin 1958
Début des travaux de la commission chargée de rédiger une Constitution sous la responsabilité de Michel Debré, Garde des Sceaux.
4 septembre 1958
À Paris, place de la République, le général de Gaulle présente le nouveau projet de Constitution.
24 septembre 1958
Les partisans du général de Gaulle créent un parti politique : l'Union pour la nouvelle République (UNR).
28 septembre 1958
Référendum : Objet :

"Approuvez-vous la Constitution qui vous est proposée par le Gouvernement de la République ?"

4 octobre 1958
Promulgation de la nouvelle Constitution par le Président René Coty : naissance de la Ve République.
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/1958-retour-de-gaulle/chronologie.shtml

Les opérations référendaires se sont déroulées sur une journée à l'exception de l'Algérie où les élections se sont poursuivies pendant 3 jours. En métropole, voter " oui " aboutissait à l'adoption du projet de Constitution alors que l'inverse aurait manifesté son désir de voir les institutions de la IVème se poursuivre. En Algérie, voter oui signifiait le désir de rester intégré à la métropole. Les résultats vont pratiquement partout être favorables à l'adoption de cette Constitution à l'exception de la Guinée qui va refuser d'entrer dans la Communauté. En France, seuls les communistes et l'extrême droite vont faire une campagne au "non".
Ce sera un véritable plébiscite, qui permettra à De Gaulle d'entamer une politique sans partage dont le cheminement sera des plus alambiqué.

"Au nom de la France, je vous demande de répondre oui",
a lancé le général de Gaulle.

Résultats : Métropole, départements d'outre mer et territoires d'outre mer
  Nombre Pourcentage des inscrits Pourcentage des votants Pourcentage
des suffrages exprimés
Inscrits 47 249 142      
Abstention 9 151 289 19,37    
Votants 38 097 853 80,63    
Blancs ou nul 418 297 0,88 1,10  
Exprimés 37 679 556 79,74 98,90  
OUI 31 123 483 65,87 81,69 82,60
NON 6 556 073 13,88 17,21 17,40

Résultats Métropole seule
  Nombre Pourcentage des inscrits Pourcentage des votants Pourcentage des suffrages exprimés
Inscrits 26 603 464      
Abstention 4 006 614 15,06    
Votants 22 596 850 80,63    
Blancs ou nul 303 549 1,14 1,34  
Exprimés 22 293 301 83,79 98,65
OUI 17 668 790 66,41 78,19 79,26
NON 4 624 511 17,38 20,46 20,74

Résultats Algérie & Sahara (en rouge dans le tableau)

  Nombre Pourcentage des inscrits Pourcentage des votants Pourcentage des suffrages exprimés
Inscrits 4 412 671
282 099
     
Abstention 897 461
45787
20,33
16,23
   
Votants 3 515 210
236 312
79,66
83,76
   
Blancs ou nul 38 816
910
0,87
0,32
1,10
0,38
 
Exprimés 3 476 394
235 402
78,78
83,44
98,89
99,6
 
OUI 3 357 763
232113
76,09
82,28
95,52
98,22
96,58
98,6
NON 118 631
3289
2,68
1,16
3,37
1,39
3,41
1,40

96 % des Algériens, Européens et Musulmans, soit 76 % des 4 412 171 électeurs inscrits, disent OUI à la nouvelle Constitution, avec un taux de participation de 80 %, malgré les appels et les menaces en faveur du boycottage lancé par le FLN. Il s'agit du premier scrutin auquel les femmes algériennes participent.

Après les résultats du référendum en Algérie, de Gaulle déclare le 3 octobre à Constantine :

" Trois millions et demi d'hommes et de femmes d'Algérie, sans distinction de communauté et dans l'égalité totale, sont venus des villages de toutes les régions et des quartiers de toutes les villes apporter à la France et à moi-même le bulletin de leur confiance. Ils l'ont fait tout simplement sans que nul ne les y contraignent et en dépit des menaces que des fanatiques font peser sur eux, sur leurs familles et sur leurs biens. Il y a là un fait aussi clair que l'éclatante lumière du ciel. Et ce fait est capital ... pour cette raison qu'il engage l'une envers l'autre et pour toujours l'Algérie et la France "


Nota : Quelques erreurs de calculs ont pu se glisser dans les tableaux des résultats. Je demande au lecteur attentif, s'il en trouve, de me les indiquer pour correction.

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Mis en ligne le 24 mai 2011
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