Encore un autre qui nous a compris. Ca fait le deuxième.
Je ne parle pas de la cohorte qui, au fil des ans, à fait semblant de nous comprendre sans le dire.
M Macron, sans vergogne s'est adressé aux mécontents de ses propos sur la colonisation qu'il a exprimés en Algérie lors d'une visite " officielle ".
Dans une interview au média local Echorouk News, à l'hôtel Sofitel à Alger, il déclarait :

" C'est (la colonisation) un crime. C'est un crime contre l'humanité. C'est une vraie barbarie, et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes ".

" Je pense qu'il est inadmissible de faire la glorification de la colonisation. Certains ont voulu faire cela en France, il y a dix ans. Jamais vous ne m'entendrez tenir ce genre de propos. J'ai toujours condamné la colonisation comme un acte de barbarie. "

"En même temps, il ne faut pas balayer tout ce passé (...) ll y a une jolie formule qui vaut pour l'Algérie: " La France a installé les droits de l'homme En Algérie. Simplement, elle a oublié de les lire "

" La colonisation est un acte de domination et de non reconnaissance de l'autonomie d'un peuple, je ne veux pas qu'on tombe dans la culture de la culpabilisation sur laquelle, on ne construit rien. C'est ce chemin de crête que je veux que nous prenions ensemble."

De retour en France il tente une justification :

" Non je ne regrette pas ces propos, ils ont été sortis de leur contexte parce que je ne parlais pas que de l'Algérie ".
D'après lui les termes ont été mal interprétés voire instrumentalisés. Pourtant en visionnant la vidéo in extenso, il faudrait faire un gros effort d'imagination pour comprendre autre chose que ce qui a été dit.
Les mots ont un sens et justement, le contexte dans lequel ils sont prononcés en accentue la portée.

Plus tard, à la veille d'un déplacement dans le sud-est de la France, il adresse un message aux nombreux descendants de rapatriés d'Algérie, les " pied-noirs ", et " harkis ", vivant dans cette région.

" Quant aux pieds-noirs, ils " ont été les victimes de la politique algérienne de la France avant comme après la guerre : une colonisation à sens unique ne leur a pas laissé d'autre issue que de quitter brutalement et à jamais les terres où ils étaient nés. C'était une injustice et c'est encore une souffrance ". Quant aux harkis, ils ont été " les victimes de la trahison de l'Etat français ", qui les a abandonnés comme il a abandonné, plus récemment, ses interprètes afghans. "

" il est temps de laisser le passé passer. Sans repentance, et j'ai toujours été clair sur ce point, et sans refouler aussi ", affirme le candidat à l'élection présidentielle dans cette vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux.

Il faudra donc présenter des excuses, sans se repentir ! Exercice d'équilibriste dont seuls les politiques de sa trempe ou des linguistes de haute volée seraient capables de réaliser.
Il assure notamment aux anciens combattants français en Algérie que ses propos ne leur étaient pas destinés. A qui donc s'adressaient-il ?
Pour laisser, le passé passer, il faudrait cesser de l'exhiber comme une affiche électorale.

En meeting à Toulon, le candidat d' " En marche ! " a paraphrasé le général de Gaulle pour tenter de clore la polémique.

" Je le dis aujourd'hui, à chacun et chacune dans vos conditions, dans vos histoires, dans vos traumatismes, parce que je veux être président,
je vous ai compris

et je vous aime. Parce que la République, elle doit aimer chacun ! "

Il ne manquait plus que le képi aux deux étoiles, pour revenir cinquante neuf ans plus tôt. Mais les Pieds-Noirs ont une mémoire, et ils se souviennent de l'issue tragique que cette expression devenue mythique, à provoqué.
Maladresse, ignorance de l'histoire ou machiavélisme ? Sans doute un peu des trois.
Et puis, cette République que l'on nous sert à tout bout de champ ! Alors même que ceux qui l'utilisent sont frappés d'amnésie sélective sur certains épisodes tragiques dont elle fut coupable.

" Je ne veux pas revenir sur les haines recuites, mais j'ai en même temps nommé les choses. On ne vous a dit, ou vous n'avez voulu entendre, qu'une partie de la chose. J'ai dit en effet les responsabilités de la France quant à son passé, pas simplement en Algérie, quant à notre passé colonial. Et on doit le regarder en face ce passé colonial, et oui, c'est un passé dans lequel il y a des crimes contre l'humain ".

Il pourrait, lui aussi, avec un peu de courage, regarder le passé en face. Il s'apercevrait que les crimes contre l'humain ont été largement partagés. Il a décidé de laisser le passé passer en occultant que la colonisation, fut largement plébiscité par la gauche et par les grands intérêts financiers dont il est l'héritier privilégié.

Auteur de propos contradictoires, M Macron n'en est pas à une incohérence près. Dans un entretien au Point, en novembre 2016 :

" En Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l'émergence d'un Etat, de richesses, de classes moyennes, c'est la réalité de la colonisation, soulignait-il. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie. "

Un prétendant à la présidence de la République devrait en être conscient.
Mettre en cause son pays en terre étrangère revient à un acte de trahison. Et ce n'est pas sa prétendue volonté de " voir l'histoire en face " qui devrait l'exonérer d'une réserve verbale et d'une réflexion profonde sur les conditions de la création des états.
Toutes les colonisations se sont faites par la violence. Il ne s'agit plus d'être pour ou contre mais simplement de regarder objectivement l'histoire des peuples et des nations.
Le monde n'est que colonisation. La colonisation n'a pas été inventée par la France. De tous temps, des tribus se sont écharpées pour étendre leur territoire, gagner la possession d'un fleuve, maitriser les routes du commerce ou établir sa suprématie sur le campement voisin.
Peut être pourrait-il parler aussi des " crimes contre l'humain " qui ont résulté des décolonisations.

Moi, je suis pour que la France présente ses excuses aux peuples qu'elle a colonisés. Mais à condition que TOUTES les nations, TOUS les groupes ethniques ou religieux, fassent de même.

A-t-on demandé aux espagnols de se repentir de leurs incursions sud américaines et des destructions culturelles et humaines qu'ils ont perpétrées ?
A-t-on demandé aux anglais qu'ils fassent leur mea culpa quand ils ont étendu leur empire en Inde, en Australie, en Nouvelle Zélande en décimant les peuples autochtones ?
A-t-on demandé aux américains donneurs de leçons, de rendre les terres aux amérindiens qu'ils ont eux, exterminés, ne laissant que quelques spécimens dans des réserves à destination de touristes en mal d'exotisme ?
Leur a-t-on demandé de restituer au Mexique, le Texas, la Californie l'Utah, le nord de l'Arizona, le sud-ouest du Wyoming et le Nouveau-Mexique, soit une superficie de quatre fois la France ?
A-t-on demandé à la Turquie de battre sa coulpe pour ses 624 ans de domination, qui ont avalé l'empire Byzantin, les Balkans, la Hongrie, la plus grande part du Moyen Orient, l'occupation de la Grèce (4 siècles) et de l'Algérie de 1515 à 1830 ?
A-t-on demandé aux arabes de faire leur contrition pour l'invasion de la Perse, de l'Asie Centrale, de l'Egypte, du Moyen Orient, de l'inde, de l'Afrique du Nord ; de l'occupation de l'Espagne pendant 800 ans ; de ses agressions en France et de ses établissement sur les rives du nord de la méditerranée (Sicile, Malte, Corse..) ou de ses incursions en Afrique ( Mauretanie, Sénégal, Mali, Guinée, Mauritanie, Tchad, Niger…) pour y rafler des hordes d'esclaves ?
Je ne parle pas de l'URSS, que ceux qui sont les premiers à réclamer les verges pour cravacher la France et son " histoire sanglante ", donnaient en exemple, il y peu encore, comme un paradis soviétique.

Si crime contre l'humanité il y eut, ils le furent des deux cotés. Les uns n'excusent pas les autres, mais aucun ne doit être éludé pour de basses raisons électorales ou idéologiques.
Aucune civilisation n'est innocente. Mettre son pays au ban de l'humanité est un crime contre l'histoire, contre l'esprit et contre sa patrie. Un postulant aux destinées d'un pays, devrait s'en souvenir et préserver son peuple qu'il ambitionne diriger, de l'opprobre et de la culpabilisation à sens unique.
Je ne connais pas, dans le monde qui nous entoure, à part l'Allemagne pour les raisons que l'on connaît, de responsable politique capable de dénigrer le passé de son pays et de le couvrir de cendres. Seule la France, jadis " grande et généreuse ", est capable d'offrir les schlagues pour une flagellation à posteriori. Nos récents dirigeants ont ouvert la voie. M Macron s'y engouffre avec zèle, en terre étrangère, dans un dialogue politique qui ressemblait plutôt, à des brèves de comptoir du café du commerce.
Avec des guides de ce genre là, notre " cher et vieux pays " est bien parti pour franchir le pas qui le sépare du gouffre.

"La colonisation et le non-sens historique d'Emmanuel Macron"

- Alors qu'Emmanuel Macron a qualifié la colonisation de crime contre l'humanité, Jean Sévillia explique pourquoi une telle déclaration est un non-sens historique. L'historien estime que l'on ne peut pas jeter ainsi "l'opprobre sur les Européens d'Algérie, les harkis, et leurs descendants". Journaliste, écrivain et historien, Jean Sévillia est rédacteur en chef adjoint du Figaro Magazine. Il vient de publier Écrits historiques de combat, un recueil de trois essais (Historiquement correct ; Moralement correct ; Le terrorisme intellectuel) qui vient de paraître aux éditions Perrin.
FIGAROVOX. - Lors de son déplacement en Algérie, Emmanuel Macron a accordé un entretien à la chaîne Echorouk News où il qualifie la colonisation d'"acte de barbarie" et de "crime contre l'humanité". Ces qualifications morale et juridique ont-elles un sens historiquement ?
Jean SÉVILLIA. - Sur le plan juridique, la première définition du crime contre l'humanité a été donnée en 1945 par l'article 6 de la Charte de Londres qui instituait le Tribunal militaire international, instance qui allait juger les chefs nazis à Nuremberg. Étaient visés "l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisés en exécution d'un plan concerté à l'encontre d'un groupe de population civile". D'autres textes affineront la définition, comme le statut de Rome créant la Cour pénale internationale, en 1998, sans en changer l'esprit. Or la colonisation est le fait de peupler un pays de colons, de le transformer en colonie, voire, nous dit le dictionnaire le Robert, de procéder à son "exploitation" afin de le "mettre en valeur".

Historiquement parlant, à l'évidence, la colonisation suppose un rapport de domination du colonisateur envers le colonisé, variable en intensité et en durée selon les lieux où elle s'est déroulée, mais elle n'a pas pour but d'exterminer les colonisés, ce qui, sans parler de l'aspect moral, n'aurait même pas été de l'intérêt matériel du colonisateur.
Parfois, dans les périodes d'installation du colonisateur, et cela a été le cas, en Algérie, la colonisation est passée par une guerre de conquête, avec son lot de violences inhérentes à toute guerre. Les travaux d'historiens comme Jacques Frémeaux ou le regretté Daniel Lefeuvre nous ont cependant appris à contextualiser les méthodes d'alors de l'armée française, une armée qui sortait des guerres révolutionnaires et napoléoniennes, et ont montré qu'Abd el-Kader n'était pas non plus un enfant de choeur quand il combattait les Français.
Mais cent trente années de présence française en Algérie ne se résument ni à la guerre de conquête des années 1840 ni à la guerre d'indépendance des années 1950.
Il y a un immense entre-deux qui a duré un siècle, avec ses échecs, ses pages grises, mais aussi ses réussites, ses motifs de fierté.
Qualifier la colonisation d'acte de barbarie ou de crime contre l'humanité est un non-sens historique, un jugement sommaire, manichéen, qui passe sous silence la part positive de l'Algérie française, celle qui a conduit des Algériens musulmans à croire à la France et à s'engager pour elle. L'histoire a pour but de faire la vérité et non de jeter de l'huile sur le feu, mais, s'agissant de "barbarie", on pourrait rappeler que, dans les événements tragiques de la fin de l'Algérie française, des Européens d'Algérie ou des musulmans fidèles à la France ont été victimes d'actes aujourd'hui constitutifs du crime contre l'humanité. Si on veut vraiment faire de l'histoire, il faut tout mettre à plat.

Dans cet entretien, Emmanuel Macron est revenu sur ses propos parus dans Le Point en novembre 2016 qui ont été "sortis de leur contexte", notamment quand il évoquait les "éléments de civilisation" apportés par la colonisation française. Comment comprenez-vous cette expression d'"éléments de civilisation" ?

Je suppose qu'Emmanuel Macron faisait alors allusion, par exemple, à l'œuvre d'enseignement menée par la France en Algérie, certes avec retard, un retard dû à l'impéritie de la IIIe puis de la IVe République. En 1960, 38% des garçons musulmans et 23% des filles fréquentaient l'école, pourcentage qui était supérieur à Alger où 75% des garçons musulmans et 50% des filles étaient scolarisés, Européens et Arabes étant mêlés sur les bancs des écoles au moment où, dans maints États américains, la ségrégation sévissait encore entre Blancs et Noirs. Peut-être l'ancien ministre faisait-il encore allusion à la médecine coloniale. L'École de médecine d'Alger a été fondée moins de trente ans après la conquête. En 1860, le taux de mortalité infantile pouvait atteindre les 30 % dans la population algérienne. En 1954, il sera descendu à 13 %, pourcentage certes trop élevé, mais qui témoignait quand même d'un progrès. C'est à Constantine, en 1860, qu'Alphonse Laveran a identifié l'agent du paludisme, ce qui lui vaudra le prix Nobel de médecine en 1907. À l'école ou à l'hôpital, où était le crime contre l'humanité dans l'Algérie française ?

Ajoutant que l'on ne construit rien sur "la culture de la culpabilisation", l'ancien ministre de l'Économie précise aujourd'hui: "La France a installé les droits de l'Homme en Algérie, mais elle a oublié de les lire".
Ne peut-il pas ainsi réconcilier l'opposition entre les partisans de l'excuse et les critiques de la repentance ?

Il est certain que défendre un minimum l'œuvre française en Algérie tout en flattant un maximum les contempteurs de la colonisation française est un exercice qui demande de la souplesse. Mais je laisse les commentateurs de l'actualité analyser les balancements contraires d'Emmanuel Macron, spécialiste du rien-disant destiné à contenter tout le monde afin d'attirer un maximum de voix. Je rappellerai seulement que l'histoire électorale française, depuis un siècle et demi, a vu régulièrement surgir du paysage politique des personnages de ce type et jouer les hommes providentiels dont de braves citoyens attendaient tout. La société du spectacle y ajoute une dimension où il faut avoir la gueule de l'emploi: être jeune et beau. Ce sont des phénomènes sans enracinement dans la société, et par-là éphémères.

Comment expliquez-vous que la "colonisation" suscite encore aujourd'hui un tel débat dans l'opinion publique ? Est-ce le signe de la crise identitaire que traverse le pays ?

L'opinion me paraît plutôt indifférente à la question : déjà, dans les années 1950-1960, elle était de plus en plus hostile à l'Algérie française qui exigeait des sacrifices que plus personne n'avait envie de supporter. Mais en France, l'esprit de repentance permet à certains réseaux d'attiser la détestation de notre passé, phénomène de haine de soi qui conduit à dissocier la nation. Et en Algérie, la dénonciation de la colonisation française cela fait partie des fondamentaux du pouvoir actuel qui s'est construit sur toute une mythologie autour de la guerre d'indépendance.
Le drame nous revient en ricochet par les jeunes Français d'origine maghrébine qui ont été élevés avec l'idée que la France aurait commis des crimes à l'égard de leurs aïeux.
Comment pourraient-ils aimer la France dans ces conditions, comment pourraient-ils se reconnaître dans notre passé ? C'est un chemin difficile mais il n'y en a pas d'autre: il faut faire toute la vérité sur la relation franco-algérienne à travers la durée et à travers la multiplicité de ses facettes. On pourra regarder en face l'histoire de la présence française en Algérie dans sa totalité le jour où l'opprobre ne sera plus jeté par principe sur les Européens d'Algérie et les harkis, et leurs descendants.
Jean Sevilla - FIGAROVOX/ENTRETIEN
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Mis en ligne le 12 mars 2017