Encore un autre qui nous a compris. Ca fait le deuxième.
De retour en France il tente une justification :
Plus tard, à la veille d'un déplacement dans le sud-est de la France, il adresse un message aux nombreux descendants de rapatriés d'Algérie, les " pied-noirs ", et " harkis ", vivant dans cette région.
" il est temps de laisser le passé passer. Sans repentance, et j'ai toujours été clair sur ce point, et sans refouler aussi ", affirme le candidat à l'élection présidentielle dans cette vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux.
Il faudra donc présenter des excuses, sans se repentir ! Exercice d'équilibriste dont seuls les politiques de sa trempe ou des linguistes de haute volée seraient capables de réaliser. En meeting à Toulon, le candidat d' " En marche ! " a paraphrasé le général de Gaulle pour tenter de clore la polémique.
Il ne manquait plus que le képi aux deux étoiles, pour revenir cinquante neuf ans plus tôt. Mais les Pieds-Noirs ont une mémoire, et ils se souviennent de l'issue tragique que cette expression devenue mythique, à provoqué. Il pourrait, lui aussi, avec un peu de courage, regarder le passé en face. Il s'apercevrait que les crimes contre l'humain ont été largement partagés. Il a décidé de laisser le passé passer en occultant que la colonisation, fut largement plébiscité par la gauche et par les grands intérêts financiers dont il est l'héritier privilégié.
Auteur de propos contradictoires, M Macron n'en est pas à une incohérence près. Dans un entretien au Point, en novembre 2016 :
Un prétendant à la présidence de la République devrait en être conscient. Moi, je suis pour que la France présente ses excuses aux peuples qu'elle a colonisés. Mais à condition que TOUTES les nations, TOUS les groupes ethniques ou religieux, fassent de même.
A-t-on demandé aux espagnols de se repentir de leurs incursions sud américaines et des destructions culturelles et humaines qu'ils ont perpétrées ?
Si crime contre l'humanité il y eut, ils le furent des deux cotés. Les uns n'excusent pas les autres, mais aucun ne doit être éludé pour de basses raisons électorales ou idéologiques. |
"La colonisation et le non-sens historique d'Emmanuel Macron"
- Alors qu'Emmanuel Macron a qualifié la colonisation de crime contre l'humanité, Jean Sévillia explique pourquoi une telle déclaration est un non-sens historique.
L'historien estime que l'on ne peut pas jeter ainsi "l'opprobre sur les Européens d'Algérie, les harkis, et leurs descendants".
Journaliste, écrivain et historien, Jean Sévillia est rédacteur en chef adjoint du Figaro Magazine. Il vient de publier Écrits historiques de combat, un recueil de trois essais (Historiquement correct ; Moralement correct ; Le terrorisme intellectuel) qui vient de paraître aux éditions Perrin.
Historiquement parlant, à l'évidence, la colonisation suppose un rapport de domination du colonisateur envers le colonisé, variable en intensité et en durée selon les lieux où elle s'est déroulée, mais elle n'a pas pour but d'exterminer les colonisés, ce qui, sans parler de l'aspect moral, n'aurait même pas été de l'intérêt matériel du colonisateur.
Dans cet entretien, Emmanuel Macron est revenu sur ses propos parus dans Le Point en novembre 2016 qui ont été "sortis de leur contexte", notamment quand il évoquait les "éléments de civilisation" apportés par la colonisation française. Comment comprenez-vous cette expression d'"éléments de civilisation" ?
Je suppose qu'Emmanuel Macron faisait alors allusion, par exemple, à l'œuvre d'enseignement menée par la France en Algérie, certes avec retard, un retard dû à l'impéritie de la IIIe puis de la IVe République. En 1960, 38% des garçons musulmans et 23% des filles fréquentaient l'école, pourcentage qui était supérieur à Alger où 75% des garçons musulmans et 50% des filles étaient scolarisés, Européens et Arabes étant mêlés sur les bancs des écoles au moment où, dans maints États américains, la ségrégation sévissait encore entre Blancs et Noirs. Peut-être l'ancien ministre faisait-il encore allusion à la médecine coloniale. L'École de médecine d'Alger a été fondée moins de trente ans après la conquête. En 1860, le taux de mortalité infantile pouvait atteindre les 30 % dans la population algérienne. En 1954, il sera descendu à 13 %, pourcentage certes trop élevé, mais qui témoignait quand même d'un progrès. C'est à Constantine, en 1860, qu'Alphonse Laveran a identifié l'agent du paludisme, ce qui lui vaudra le prix Nobel de médecine en 1907. À l'école ou à l'hôpital, où était le crime contre l'humanité dans l'Algérie française ?
Ajoutant que l'on ne construit rien sur "la culture de la culpabilisation", l'ancien ministre de l'Économie précise aujourd'hui: "La France a installé les droits de l'Homme en Algérie, mais elle a oublié de les lire".
Il est certain que défendre un minimum l'œuvre française en Algérie tout en flattant un maximum les contempteurs de la colonisation française est un exercice qui demande de la souplesse. Mais je laisse les commentateurs de l'actualité analyser les balancements contraires d'Emmanuel Macron, spécialiste du rien-disant destiné à contenter tout le monde afin d'attirer un maximum de voix. Je rappellerai seulement que l'histoire électorale française, depuis un siècle et demi, a vu régulièrement surgir du paysage politique des personnages de ce type et jouer les hommes providentiels dont de braves citoyens attendaient tout. La société du spectacle y ajoute une dimension où il faut avoir la gueule de l'emploi: être jeune et beau. Ce sont des phénomènes sans enracinement dans la société, et par-là éphémères.
Comment expliquez-vous que la "colonisation" suscite encore aujourd'hui un tel débat dans l'opinion publique ? Est-ce le signe de la crise identitaire que traverse le pays ?
L'opinion me paraît plutôt indifférente à la question : déjà, dans les années 1950-1960, elle était de plus en plus hostile à l'Algérie française qui exigeait des sacrifices que plus personne n'avait envie de supporter. Mais en France, l'esprit de repentance permet à certains réseaux d'attiser la détestation de notre passé, phénomène de haine de soi qui conduit à dissocier la nation. Et en Algérie, la dénonciation de la colonisation française cela fait partie des fondamentaux du pouvoir actuel qui s'est construit sur toute une mythologie autour de la guerre d'indépendance. |
Mis en ligne le 12 mars 2017