Né en Algérie française, l’Angevin Charles Wiot a dû attendre de longs mois le renouvellement de sa carte d’identité. Lui, le combattant de la Libération, décoré de la Légion d’honneur.

L'histoire

Le grand âge offre l'avantage de la sagesse. À bientôt 100 ans (il les aura à la fin de l’année), Charles Wiot, qui réside dans une maison de retraite à Angers (Maine-et-Loire), hausse à peine les épaules quand on évoque ses déboires avec l’administration. C’est par la voix de son fils, Louis-Marie, que passe la colère. « Pitoyable, lamentable, grotesque, humiliant... ».

La préfecture du Maine-et-Loire vient de renouveler la carte d’identité nationale de Charles Wiot après un an de tracasseries au cours desquelles on lui a demandé de prouver ses origines (1).
« Enfin... Je suis français », lâche le vieil homme, sans que l’on sache s’il est étonné ou agacé par les exigences d’une administration qu’il ne comprend pas.
« Demander un certificat de naturalisation à mon père relève d’une inculture de l’histoire de la France ! », s’emporte Louis-Marie. Car Charles Wiot est né à Pont-de-l’lsser, département d’Oran « dans une Algérie qui était française à l’époque ». Un Pied-Noir fils de forgeron. « Je jouais au ballon avec les petits Arabes », se souvient le vieil homme. La carte d’identité de Charles Wiot devait être renouvelée à partir de mars 2020.

Son fils prend contact avec la mairie d’Angers. Mais confinement oblige, l’affaire traîne en longueur. « C’était compliqué. Mon père ne peut plus se déplacer. Et les services de la mairie ne pouvaient pas pénétrer dans le foyer logement. »
Enfin, en janvier dernier, les papiers sont remplis, signés. Reste à attendre la réponse de la préfecture de la Sarthe qui instruit les demandes de cartes nationales d’identité pour la Région Pays de la Loire.

Mais quelque temps plus tard, Louis-Marie reçoit le coup de fil d'une fonctionnaire de la mairie d’Angers: Elle lui demande d’aller au tribunal de grande instance afin d’établir un certificat de naturalisation pour son père.

1944, il débarque à Toulon

À ces mots, Louis-Marie manque de tomber de sa chaise... « J’étais en colère. J’ai dit que cette demande était blessante, qu’elle était stupide Et j’ai donné un cours d’histoire à cette dame. » .
Un autre fonctionnaire prend le relais. « Il promet de faire des recherches... Mais quelles recherches puisque mon père est Français ? »

Que peuvent-ils connaître de l’histoire de Charles Wiot ? Jeune homme, il s’est engagé dans l’Armée de Libération du général de Lattre de Tassigny, débarquant à Toulon le 15 août 1944. Il a participé à la campagne victorieuse contre le Troisième Reich jusqu’en Allemagne.

Mais qui est venu écouter ce vieil homme à la mémoire chancelante ? « Je ne me souviens plus trop... J’étais artilleur J’étais chef de quatre canons. »

Et qui d’autre que son fils a lu ses vieux carnets à l’écriture indéchiffrable ? Ils racontent pourtant le quotidien du soldat français qui traverse les guerres coloniales. « Tu écris qu’en Indochine tu as vu des choses terribles. Tu as fermé les yeux d’un soldat. Tu te souviens ? » interroge le fils. Le père hausse les épaules. Par contre, il se souvient de l’embuscade en Algérie. Il remonte une jambe de son pantalon. « J’ai été blessé. J’ai encore du plomb dans le pied. »


Charles Wiot a achevé sa carrière militaire comme commandant en second du camp de Mourmelon (Marne). Avant de consacrer sa retraite, lui qui parle arabe depuis le collège, à l’intégration des familles harkis à Reims, au sein de la République française.

Une République qui vient de lui accorder sa nouvelle carte d’identité il y a tout juste deux semaines, une fois sa généalogie dûment vérifiée « Ah ! mais je suis français », a dit le vieil homme en tapant du poing sur le bras de son fauteuil.

(1) Charles Wiot montre deux photos. L'une prise à Châlons-sur-Marne, en 1963, où il est fait chevalier de la légion d'honneur. L'autre en militaire, après la Libération de la France, vers 1945. , PHOTO : OUEST FRANCE

Jean-François VALLEE - Pays de la Loire Ouest-France 10-11 juillet 2021
https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/angers-49000/angers-a-100-ans-cet-ancien-combattant-a-du-prouver-sa-nationalite-francaise-f91bada0-d1ec-11eb-9807-30d3fabe4949


Angers : un ancien combattant obligé de prouver sa nationalité française

La procédure de renouvellement de carte d’identité d’un ancien combattant âgé de 99 ans, s’est trouvée bloquée, l’administration lui demandant de faire vérifier son identité.

« Pitoyable, lamentable, grotesque, humiliant », c’est par ces mots que Louis-Marie résume la situation administrative de son père, Charles Wiot, rapporte Ouest-France vendredi 9 juillet. C’est au niveau de la préfecture du Maine-et-Loire que la procédure de renouvellement de sa carte d’identité s’est bloquée. « Enfin … je suis français », explique l’homme en plein désarroi. Agé de 99 ans, le vieil homme a dû refaire sa carte d’identité mais la procédure a pris plus de temps que prévu puisqu’il a dû attendre un an pour obtenir gain de cause. « Demander un certificat de naturalisation à mon père relève d’une inculture de l’histoire de la France ! », ajoute Louis-Marie dont le père est né « dans une Algérie qui était française à l’époque ».

Des circonstances particulières

Le confinement a rendu le renouvellement de la carte difficile. « C’était compliqué. Mon père ne peut plus se déplacer. Et les services de la mairie ne pouvaient pas pénétrer dans le foyer-logement. » Par la suite, une personne de l’administration a contacté le fils Louis-Marie pour demander des précisions sur la naturalisation de son père. « J’étais en colère. J’ai dit que cette demande était blessante, qu’elle était stupide », complète Louis-Marie.
Une insulte contre ce vieil homme qui a participé à la Libération puis à la campagne contre le Troisième Reich en Allemagne, qui a ensuite combattu en Indochine et en Algérie.

Valeurs Actuelles - Publié le 10 juillet 2021 à 12h52.
https://www.valeursactuelles.com/regions/pays-de-la-loire/maine-et-loire/angers/societe/angers-un-ancien-combattant-oblige-de-prouver-sa-nationalite-francaise/


« Né en Algérie en 1921, mon père est français »

Société. « Mon père, natif du département d’Oran, s’est pourtant vu demander un certificat de naturalisation par la préfecture de la Sarthe ! »
« L’Oranais était département français de 1848 à 1962. »

Louis-Marie Wiot (Maine-et-Loire) :
Merci aux journalistes Denis Riou et Emma Benda pour l’article paru le 10 juin, et intitulé : « Ils ont toujours été français, la préfecture en doute ».
Il se trouve que mon papa (M. Charles Wiot), qui aura 100 ans à la fin de l’année, qui est en foyer logement à Angers et qui a toute sa tête, a vécu la même aventure pour obtenir une carte d’identité que les personnes dont il est question dans cet article.

Né en 1921 dans le département de l’Oranais, en Algérie, et devant refaire sa carte d’identité, il s’est vu demander un certificat de naturalisation par la préfecture de la Sarthe !
Il m’a fallu, en son nom, intervenir plusieurs fois auprès des services de la mairie d’Angers (de fin janvier à mi-mai), afin que celle-ci prenne contact avec la préfecture de la Sarthe (puisque l’on ne peut pas joindre directement les personnes qui s’occupent de l’état civil de la préfecture), afin que celle-ci comprenne que l’Oranais était département français de 1848 à 1962 (année de l’indépendance de l’Algérie).

" Mon père est donc français… Qui plus est, il a débarqué à Toulon en 1944 en tant que militaire volontaire pour chasser les nazis (débarquement avec de Lattre de Tassigny) et a poursuivi une carrière militaire jusqu’à devenir commandant de l’armée française"

" Demander ainsi un certificat de naturalisation à mon père relève d’une inculture de l’histoire de la France. "

" Pitoyable, lamentable, grotesque, humiliant et vexant vis-à-vis d’un ancien officier supérieur qui a combattu pour la France, et qui a eu la Légion d’honneur… "
https://www.ouest-france.fr/medias/ouest-france/courrier-des-lecteurs/ne-en-algerie-en-1921-mon-pere-est-francais-9d68c43a-6989-4403-8c87-e24e7df461cc

Ndlr :
Le phénomène n'est pas nouveau, je l'ai subi dans mon entourage proche.
Ce monsieur devait sans doute encore être immatriculé 99 et donc considéré comme étranger.
L'absence de connaissances historiques, personne n'y échappe, pas même les fonctionnaires des préfectures pourtant représentants de l'état par délégation.
L'ignorance gagne du terrain partout.
Inculture historique c'est certain. Mais que peut on reprocher à des fonctionnaires formés à l'école d'une république honteuse, qui a depuis des lustres, renoncé à inculquer les bases du savoir et l'amour de son histoire ?
Et puis qu'est ce que la défense de la patrie pour des français à qui l'on rabâche que le sentiment patriotique est malsain voire nauséabond ?
Qu'importe les médailles et le sang versé ce ne sont que des poussiéreuses notions obsolètes.
Savaient ils seulement qu'il y avait eu en 1944, un débarquement de l'armée française en Provence ?
A cela s'ajoute l'impossibilité d'avoir accès à un interlocuteur, remplacé par des serveurs vocaux déshumanisés.
Certains sont plus français que les autres et d'autres qui l'étaient, ne le sont plus, pas même " par le sang versé " ou comme participants à un débarquement oublié.
Certains n'on aucune difficulté pour devenir des français à part entière. Ce déplorable incident ne fait que confirmer la déliquescence actuelle et montre que nous serons à jamais des français entièrement à part.
Quelle misère !

Documents fournis par J.L Granier

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Mis en ligne le 08 décembre 2022