Enseignants refusés

Le 15 mars 1962, les six dirigeants des CSE étaient réunis au centre social de Château-Royal dans la commune d'El-Biar, près d'Alger. À 10 h 45 un " commando Delta ", sous la direction présumée de Roger Degueldre, pénètre dans la salle de réunion et fait sortir les six hommes du bâtiment. Ceux-ci sont alignés contre un mur de la cour et abattus à l'arme automatique. Les victimes étaient :
- Marcel Basset, directeur du Centre de formation de l'Éducation de Base à Tixeraine (CSE d'Algérie) ;
- Robert Eymard, ancien instituteur et chef du bureau d'études pédagogiques aux CSE ;
- Mouloud Feraoun, directeur adjoint au chef de service des CSE, ancien instituteur et écrivain ;
- Ali Hammoutène, inspecteur de l'Education Nationale, Directeur adjoint aux CSE et ancien instituteur ;
- Max Marchand (1911-1962), inspecteur d'académie, chef de service aux CSE et ancien instituteur ;
- Salah Ould Aoudia, ancien instituteur et inspecteur des centres de la région Alger Est.

http://www.sien-unsa-education.org/images/stories/documentation/actualites/el_biar.pdf

Sur cette page du syndicat SIEN-UNSA (Syndicat de l'inspection de l'Education nationale) Appelle, 50 ans après à " ne pas oublier et poursuivre leur combat émancipateur. "
Ces inspecteurs avaient comme dénominateur commun, leur engagement au coté des indépendantistes.
Il semble donc qu'à ce titre, ils soient dignes du respect mémoriel.
Ce qui est troublant c'est que ce syndicat de l'éducation nationale, ne fassent pas mention des 75 enseignants tués par le FLN depuis le 1er octobre 1954.
Ils étaient pourtant également " arabe, kabyle, français, musulman, chrétien, athée... " et israélite.

-Mlle ALCARAZ Lydie , égorgée à Mazouna le 8 mai 1957.
-Mlle NELLY, égorgée à Mazouna le 8 mai 1957.
-Mlle VALLE Antoinette, assassinée à Saint Cyprien les Attafs en octobre 1959.
-Mme ALEMANY-FERNANDEZ, assassinée à Kherba en 1961.
-Mme FLANMENT, enlevée à Mirabeau le 1er décembre 1959.
-Mme MORAND France, assassinée près de Boufarik le 16 octobre 1958.
-Mme PEREZ Claude, disparue à Inkerman le 4 mai 1962.
-Mme PICHELIN, assassinée à La Chilla en mai 1956.
-Mme ROBERT, assassinée à Montgolfier avec
SES DEUX ENFANTS 3 et 5 ans le 6 septembre 1962.
-Mme SENU, assassinée à Rohala le 30 janvier 1960.
-Mme VALLAT Madeleine née LHERAUD, assassinée Thierville en 1958.

-MM.
-ARCAMONE Antoine, assassiné le 8 février 1958 près de Guelma
-BACRIE Robert, assassiné en 1959 sur la route d'Ain Mokra (Bône)
-BARBERIS Bernard, 20 ans assassiné à Méchiras en 1958
-BENECH Jean, assassiné le 21 octobre 1961 à Oran.
-BEYTOUT Jean-Pierre, assassiné le 3 février 1962 à Kouba.
-BIRAC Bertrand, assassiné à Blida le 10 novembre 1958.
-BON Pierre, assassiné à Ain Dakar (Sétif), le 7 octobre 1961.
-BONAMY Gérard, disparu à Bakadem le 2 août 1962.
-BORDES Lucien, 22 ans, en mars 1962 à Alger.
-BOSSERT, assassiné à Abbo.
-CECCALDI Antoine, assassiné à Blida le 2 décembre 1959.
-CHAROLLE,22 ANS, assassiné à Messad (Djelfa) en 1956.
-CHILLAUD Claude, disparu, à Boufarik le 30 juillet 1962.
-CHOUKROUN AKLI, assassiné à Sidi Aichee, en 1960.
-COURIOL, Jean, disparu à Rocher Noir le 11 juin 1962.
-COURVOISIER, disparu à TLEMCEN début 1962.
-DAMPROBE, assassiné à Mac Mahon, le 16 juin 1960.
-DJAFFER Mohamed, assassiné à Birmandres le 26 janvier 1962.
-EMOURGEON Jean-Pierre, assassiné à Constantine en mars 1962.
-FALZON Bernard, assassiné le 11 mars 1962 à Ain-Kerma.
-FIORE Gérard, 18 ans, disparu à Jernmapes, le 26 avril 1962.
-FLAMENT André, assassiné à Bouberak le 1er décembre 1959.
-GARCIA André, 23 ans, disparu le 28 avril 1962.
-GARCIA Marcel, disparu à Oran le 5 juillet 1962.
-GAUTIER Francis, assassiné à Souma le 2 décembre 1959.
-GINESTE Daniel, 19 ans, disparu à Ain-El-Turk le 5 juillet 1962.
-GRIMALT Jean-Claude enlevé à Belcourt Alger en mai 1961.
-GROUART DE TOCQUEVILLE Arnaud, assassiné à Kenchela le 14 juillet 1961.
-HADDID Jacky, 20 ans, assassiné à Constantine en 1957.
-HASSEN Alfred, égorgé école Jeanmaire à Tizou-Ouzou.
-JOUGOUGNOUX, égorgé près de Bougie.
-LESCALIER Guy, disparu à Misserghin (Oran) le 6 juillet 1962.
-LLINARES Noël, assassiné à Alger en mars 1962.
-LUCCHINI Antoine, assassiné rue Darwin à Alger le 17 novembre 1954.
-LURATI Henri, tué rue d'Isly à Alger, le 26 mars 1962.
-NAUDON Norbert, assassiné à Sidi-Bel-Abbès le 9 octobre 1956.
-NICOLAI Jean-François, assassiné le 11 avril 1956 à Vieux Mila.
-PALISSER Armand, 20 ans, assassiné le 10 janvier 1962 à Alger.
-PARDO Raymond, enlevé à Oran le 5 juillet 1962.
-PASQUALINI Marius, 24 ans assassiné à Maison Carrée.
-PEREZ Vincent, 20 ans assassiné à Alger en novembre 1956.
-PIACENTILE Georges, assassiné à Oran le 25 juin 1961.
-PISSIS Henri, disparu à Hassi Messaoud le 11 septembre 1962.
-ROUSSEAU Jean-Claude, 19 ans, assassiné à Maison-Carrée, février 1962.
-RUBIO Antoine, assassiné à Ain-Témouchent le 5 juillet 1962.
-RUBIO José, enlevé à Larba, le 17 mai 1962.
-SEMBACH Marc, assassiné le 28 février 1962 à Constantine.
-SINTES Roger, disparu à Alger le 23 juin 1962.
-TOUBAL Mahieddine, assassiné à Maison-Carrée début 1962.
-TOUX Pierre, assassiné à Bugeaud en 1961.
-ULPAT Marcel de Vialar, assassiné à Oran le 5 juillet 1962.
-VAISSADE, Cité Ameziane (Constantine), assassiné en 1961.
-VIALA Marius, assassiné à Affreville le 19 février 1962.
-WOLF Henri, assassiné à Oued Fodda en juillet 1962.

Disparu de leurs souvenirs une des premières victimes des indépendantistes, ce jeune instituteur métropolitain Guy MONNEROT, assassiné à Tifelet (Aurès) le 1er novembre 1954.
Il en est de même pour ces trois manifestants pacifiques : Mme Renée HUGUES, Mme Jeanine MESQUIDA, M Gilbert LAMENDOUR, mitraillés par l'armée française le 26 mars 1962 à Alger, rue d'Isly.

Nota 1 : cette liste est établie par l'amicale des anciens instituteurs d'Algérie.
Nota 2 : Dans cette liste figurait : -Mlle KOHLER Eliane, "disparue" au Clos Salambier Alger, juin 1962.
Une lectrice attentive, nous a signalé qu'en 1965/1966, Mlle KOHLER enseignait en Algérie et était mariée avec un comédien algérien. Elle serait toujours en vie et habiterait à présent à Rennes.
L'information était fausse, la voici rectifiée grace à la rectification apportée par Louisa à qui nous adressons tous nos remerciements.

Une question se pose. Pour quelle raison ces cadres de l'éducation nationale font ils preuve de cette discrimination à l'égard de personnels qu'ils avaient en charge d'encadrement, que peut être ils avaient croisés et qui sait même évalués leur capacités pédagogiques.
Est-ce parce que ces victimes étaient des petits, des sans grade ? Ou est-ce parce qu'ils n'avaient pas fait preuve d'une adhésion inconditionnelle au FLN ?

Rendre hommage aux victimes d'une guerre est une intention louable et des plus respectables. Faire un tri exhaustif en considérant que les celles qui sont supprimées par une organisation qui les agrée sont plus estimables que celles qui sont éliminées par une faction rivale qu'ils détestent, montre une partialité condamnable.
L'égalité des êtres humains est donc remise en cause par un favoritisme macabre qui instaure une ségrégation dans l'exercice de la compassion.
Le respect dû aux innocents tombés dans des conflits serait donc gradué par la cause qu'ils défendaient ou pour laquelle ils étaient sympathisants.
Voilà une bien curieuse interprétation des droits de l'homme. C'est assez troublant lorsque l'on pense que ces inspécteurs sont chargés d'impulser les valeurs fondamentales à transmettre aux écoliers et aux lycéens :

LIBERTE-EGALITE-FRATERNITE !

Des morts oubliés puisque non-conformes à la norme qu'ils édictent au mépris de la plus élémentaire humanité.
Ce sont les tenants de cette même idéologie qui s'opposent à l'édification du plus petit mémorial aux victimes européennes de la guerre d'Algérie en prétextant " que ces monuments ne prennent pas en compte TOUTES les victimes de cette guerre coloniale. "
On serait donc en droit d'attendre, à ce sujet, qu'ils montrent enfin l'exemple.

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Mis en ligne le 04 février 2014 - Modifiée le 10 juin 2014

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