On nous appelle « Rapatriés » terme impropre car de fait, un rapatrié est celui qui est ramené dans sa patrie d’origine.
Notre patrie d’origine, terre française à l’époque, nous fut enlevée. Le droit du sol ne nous ayant pas été appliqué nous fûmes donc extraits, déracinés de notre terre natale.
Nous étions donc des français d’Algérie. Le néologisme « Dépatrié » inventé il y a quelques années devrait mieux nous convenir puisqu’il correspond à la réalité.

Mais si nous sommes rapatriés et que nous acceptons bon gré mal gré ce dénominatif, cela voudrait dire que les inventeurs de ce vocable nous considéraient alors, comme des Français à part entière.

En examinant différentes situations auxquelles nous sommes confrontés depuis 42 ans, la réalité est tout autre.

Je passerai sur les fameuses mesures d’indemnisation dont le sujet a été traité par ailleurs et sur les scandaleuses contre parties qui ressemblent plus à une aumône dans la plupart des cas qu’à un juste et équitable dédommagement pour préjudices subis.

Je laisserai de coté la trop médiatique année de l’Algérie dont nous fumes écartés comme quantité négligeable au profit d’une propagande honteuse et sciemment dirigée.

Je me forcerai à oublier (provisoirement), les films, livres, articles et déclarations outrancières et insultantes pour notre communauté.

Je ferai semblant de croire que la prochaine loi sera enfin celle de l’équité et du solde de tout compte.

Ces sujets fondamentaux, occultent par leur importance, les bizarreries et les tracasseries administratives dont nous sommes l’objet.

Par exemple : Notre numéro INSEE a été affublé de longues années de l’indicatif 99 commun à tous ressortissants étrangers.
Les associations de « rapatriés » appuyées par de nombreuses actions individuelles, obtinrent l'accord de l’administration qui attribua le 92 pour le département d’Oran. Ceci sans être d’un raisonnement limpide, puisque, oranais et donc n’étant pas natif du département des hauts de seine. C'était cependant de loin préférable au précédent classement arbitraire m'assimilant à un « non français » et donc un pis aller que j'accepte sans chercher à comprendre.
Il suffisait de faire la demande de modification par courrier.
Cette mesure divulguée avec une rare confidentialité, fut porté à notre connaissance par le bouche à oreille et assujettie à un délai strict.

Avisé par hasard je fis donc la demande de rectification de façon à bénéficier de cet « avantage » symbolique.
L’accord me fut donné en 1998 par une lettre de l’administration qui devait se charger de régulariser en cours d’année. Le service concerné, débordé précisa ensuite qu’il règlerait l’ensemble des demandes dans les deux ans.
Aujourd’hui, s’il est exact que mon numéro est actualisé avec le 92 sur ma fiche de paye, sur ma carte vitale, il comporte le 99 sur ma déclaration d’impôt et sur mon immatriculation de complémentaire santé.
Je me retrouve donc avec deux numéros INSEE qui sans doute me poseront problème plus tard.
Six ans ne suffisent pas pour corriger deux chiffres dans des fichiers actuellement informatisés on comprend mieux pourquoi nos problèmes, quarante deux ans après, ne sont pas encore solutionnés.

Un autre exemple ? Allons-y ! Situation réelle et personnelle encore.
Il me fallait dernièrement un extrait d’acte de naissance. Ce document est délivré pour un « vrai Français » par la mairie de son lieu de naissance. Pour nous c’est différent, nous devons nous adresser au Ministère des affaires étrangères à Nantes. Notre état civil y est regroupé. Vous pourrez noter la persistance de notre classement par l’administration et son extrême délicatesse.
Utilisant les dernières techniques de communication dans l’espoir de recevoir la précieuse attestation le plus rapidement possible, j’ai fais une demande sur le site Internet du ministère concerné.
Trois semaines après je n'avais toujours la pièce demandée !! J'ai donc effectué une deuxième relance Internet et un renouvellement de la demande par minitel. (c'est simple et surtout c'est gratuit !)
Le Français de base met lui quarante huit heures pour recevoir le même papier administratif par simple retour de courrier.

Et dernière chose (mais jusqu’où s’arrêteront-ils ?). J’ai appris que mes pièces officielles que je devrais peut être renouveler, (carte d’identité, passeport, permis de conduire), porteront désormais la mention : Né à Oran DZA en lieu et place de : Né à Oran Algérie qui me convenait parfaitement, bien qu’il eut été plus conforme avec l’histoire d’écrire : Né à Oran France.
DZA étant l’abréviation internationale de Djazaïr (Algérie en arabe, appellation utilisée après l’indépendance

Nés sur une terre française, nous sommes désignés maintenant nés en territoire étranger.
Mais bon sang, mais c’est bien sur ! La logique est implacable puisque nous dépendons du Ministère des affaires étrangères !!

Certains considéreront que je fais partie des esprits chagrins jamais contents, mais gageons que ces mêmes moralisateurs, s’ils en étaient victimes, s’empresseraient de suivre la mode en attaquant en justice l’administration pour mesures discriminatoires ostentatoires (le mot est à la mode), prises à l’encontre de citoyens français.

Mais ça, le sommes-nous encore ? Et d’ailleurs, l’avons nous jamais été ?

Nota : Voilà je viens de recevoir le document vingt jours après ma demande soit un délai de dix fois supérieur à la normale. C'est sans doute ce que l'on appelle "la discrimination négative !!"

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Mis en ligne le 10 sept 2010

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