La version « officielle » de l’attentat

A minuit moins le quart, François MITTERRAND, élu de la Nièvre sort de la brasserie « Lipp », boulevard Saint-Germain à Paris. Il prend le volant de sa 403 pour regagner son appartement de la rue Guynemer.

S’apercevant qu’il est suivi, il fait un détour par le jardin du Luxembourg, à la hauteur de l’avenue de l’Observatoire. Il arrête sa voiture, enjambe une haie et se jette à plat ventre dans le gazon. Une rafale de pistolet mitrailleur est alors tirée sur la voiture vide.

Le lendemain, l’affaire est la une de tous les journaux

La nouvelle de l’attentat circule vite dès le lendemain matin. L’affaire est à la une de tous les journaux. L’Humanité demande la dissolution des « bandes fascistes », la gauche s’indigne « le fascisme est en marche, les paras vont sauter sur Paris, c’est la guerre civile qui menace ... » et Mitterrand déclare à la presse :
« Je ne dirais rien qui puisse ajouter au désordre des esprits. Mais il est logique de penser que le climat de passion politique créé par les groupements extrémistes explique cet attentat ».

A quarante-trois ans, l’adversaire du gaullisme devient « victime des ultras de l’OAS, des activistes de l’Algérie française ».
(Il y a pour le moins, une erreur chronologique. En 1959, l'OAS n'existait pas. Elle verra le jour un an et demi plus tard. Ndlr)

Les faits

De Gaulle dirige les affaires du pays depuis 1 an et la vague gaulliste laisse sur le bord du chemin les hommes de la IVème république précédente et ceux qui l’ont porté au pouvoir.

Parmi eux 2 anciens députés se rencontrent : François MITTERRAND et Robert PESQUET. Le premier, battu aux récentes élections législatives a rebondi au Sénat. Le second, menuisier a milité activement dans les rangs du RPF après la guerre où il était secrétaire administratif.

Le plan prévoit qu’il abandonne sa Peugeot sur le côté gauche de la rue, à hauteur du jardin de l’Observatoire, en laissant sa portière ouverte, faisant croire à une fuite éperdue suite à une poursuite. Et après qu’il se soit mis à l’abri, PESQUET viendrait mitrailler la voiture vide.
Lors d’une rencontre le 7 Octobre 1959. MITTERRAND suggère la solution du faux attentat.

La révélation de la supercherie

Le 20 octobre, Pesquet et Mitterrand se rencontrent à nouveau dans un café de l’avenue de la Grande-Armée, le Crystal. Mitterrand semble préoccupé... Puis Pesquet se rend au bureau de postes de la rue Vaugirard en compagnie... d’un huissier pour y retirer une lettre qu’il s’est envoyée à lui-même. L’huissier fait le constat.

La lettre contient le récit des entretiens avec François Mitterrand, ce qu’ils ont décidé ensemble, la façon dont l’attentat se déroulera, l’endroit, etc... Aucun détail n’est négligé. La preuve que tout a été combiné à l’avance par les deux anciens députés.

Le 21 Octobre, le journal Rivarol, publie les révélations de Robert Pesquet qui affirme n’avoir eu d’autre commanditaire que Mitterrand lui-même, soucieux de faire remonter sa cote de popularité.

Le 22 octobre, Me Tixier-Vignancourt « ferre le poisson » en invitant la presse au domicile de Me Dupuy, l’avocat de Pesquet. Ce dernier lit aux journalistes la lettre qu’il s’est adressée et qui décrit à l’avance l’opération. Il ajoute : « C’est à la demande de François Mitterrand que cet attentat bidon a été organisé ».

Cette affaire d’attentat bidon est catastrophique pour le sénateur de la Nièvre, qui voulait faire remonter sa cote de popularité. L’ancien Ministre de l’Intérieur et de la Justice, (futur Président de la République) a menti à la France.

Epilogue

Poursuivi pour outrage à magistrat, après la levée de son immunité parlementaire, François Mitterrand bénéficiera d’un non-lieu ainsi que ses « agresseurs », à la suite d’une loi d’amnistie en 1966 (réélection de De Gaulle en janvier).

Le 8 août 1966, le juge Sablayrolle, qui a remplacé le juge Braunschweig, rend une ordonnance de non-lieu pour ce qui concerne le délit de tentative d’assassinat. C’est donc une reconnaissance que l’attentat était simulé.

Mais François Mitterrand fait appel de la décision de non-lieu en faveur de Pesquet, non-lieu qui implique sa complicité. Le 28 novembre, la Chambre d’Accusation de Paris le déboute et le condamne aux frais et aux dépens.

Mitterrand insiste, se pourvoit en Cassation... puis, discrètement, se désiste. Le 30 mai 1967 la Cour de Cassation prend acte de ce désistement tout en le condamnant aux frais, là encore. L’affaire est oubliée pour tout le monde.

http://aujourdhui.over-blog.fr/article-nuit-du-15-au-16-octobre-1959-le-faux-attentat-de-l-observatoire-111064467.html

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Mis en ligne le 02 février 2021

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