La suite des relations des Hafsides avec les peuples chrétiens offre plusieurs circonstances dignes de fixer l'attention. On a déjà vu qu'en 1284 Roger de Loria s'empara de l'île de Djerba, qui s'était soustraite à la domination du sultan de Tunis, et était devenue un repaire de pirates. Cette île demeura au pouvoir des chrétiens pendant cinquante et un ans. Les Siciliens, qui avaient eu souvent à réprimer les révoltes des Arabes ou à repousser les attaques des Hafsides, perdirent Djerba en 1335. Dans la même année, Philippe Doria, amiral de la république de Gênes, se présenta en ami devant Tripoli pour y acheter des vivres ; puis, ayant bien reconnu les lieux, il s'éloigna ; mais il revint à l'improviste, et se rendit maître de la ville par un hardi coup de main. Les Génois, craignant des représailles contre ceux de leurs nationaux qui étaient établis dans les ports musulmans, désavouèrent leur amiral et l'exilèrent avec ses compagnons. Philippe Doria, embarrassé de sa conquête, la rendit au cheikh de l'île de Djerba, qui, en retrouvant son indépendance, avait repris ses habitudes de piraterie.

Après cet événement, Tripoli prit place parmi les États indépendants de l'Afrique septentrionale. A la suite des traités de commerce qui furent signés entre Abou Abd-Allah et les princes chrétiens, presque immédiatement après l'expédition de saint Louis, on remarque une convention de même nature entre la Sicile et Tunis en 1285. Une première fois, en 1317 et 1320, et une seconde fois, en 1354 et 1358, les Vénitiens obtinrent entre autres privilèges celui de faire monnayer de l'or et de l'argent à Tripoli.

Malgré les dissensions politiques qui agitèrent le Maghreb d'une manière si continue et si désastreuse pendant les treizième et quatorzième siècles, le commerce atteignit dans ce pays un assez haut degré de prospérité.
Les Européens avaient établi des comptoirs dans les principales villes ; ils s'y étaient fixés en grand nombre, et s'y livraient à un commerce considérable. On vit des chrétiens investis des pleins pouvoirs des princes arabes pour négocier des traités en leur nom.
Les Pisans et les Vénitiens prenaient part au commerce intérieur et avaient obtenu la faculté de faire des caravanes ; dans toutes les stations de leur route ils avaient le droit de faire paître, au moins pendant trois jours, les animaux qu'ils conduisaient. Ils parcouraient librement le pays, et avaient des courriers pour leur correspondance entre les différentes villes où se trouvaient leurs dépôts.

Les historiens attestent également que les marchands musulmans se rendaient très fréquemment pour vendre leurs marchandises soit sur les côtes d'Espagne, de France ou d'Italie, soit en Sicile, en Sardaigne, en Corse, soit à Gênes, à Pise, à Télamone, à Gaète, à Naples, à Venise, à Ancône, à Raguse. Ils rapportaient des marchés européens des étoffes et des objets manufacturés.
D'un autre côté, Bougie et Tunis étaient après Alexandrie les villes d'Afrique où arrivaient le plus grand nombre de commerçants européens.
Il a été aussi constaté que les sultans de Tunis entretenaient auprès d'eux des corps de troupes chrétiennes.
Des seigneurs italiens passaient souvent en Afrique avec toute leur maison pour exercer des hautes charges à la cour des princes du Maghreb. Cette bienveillance réciproque entre les chrétiens et les musulmans était plus particulièrement sensible dans l'est que dans l'ouest, où prédominait encore l'influence berbère.

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Mis en ligne le 07 février 2013

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