Je m'étonne souvent de vos contradictions, vous qui voulez accueillir la misère du monde et qui laissez mourir comme des rats vos vieux trop encombrants ou le voisin démuni derrière la porte du pallier d'en face. Vous qui railliez naguère, les grenouilles de bénitier, qui bouffiez du curé en moquant la soutane, vous êtes en admiration devant le croyant ostensible, pratiquant de la nouvelle religion. Vous qui prônez la multi culturalité en niant votre propre culture, parce que d'autres, nouvellement installés, veulent conserver la leur à tout prix. Vous qui vendez votre identité pour un plat de paix sociale factice, assaisonné de communautarisme mal déguisé et d'une couarde humanité.
Soucieux de votre planète, vous trouvez inadmissible un hiver sans neige et réclamez pour satisfaire vos caprices de skieurs du dimanche en mal de sensations, une poudreuse artificielle qui pompe les réserves dont vous privez vos descendants en oubliant le milliard d'êtres humains qui n'ont pas accès à la source de vie.
Artistes et jet setteurs de tout poil, on vous remarque défiler au coté des misérables, puis le temps d'un bain moussant aux essences rares, lorgner béats, les collections de haute couture dont la moindre création suffirait à nourrir pendant un mois une famille de la " France d'en bas ".
Fortement hostile au big brother US, vous ne rêvez que d'un GPS High Tech.
Votre désir d'exotisme est sans borne. Les îles ou le désert vous font vibrer, mais quand il s'agit de " vous exiler " de cent kilomètres pour obtenir un travail, vous voilà dans la rue à hurler à banderole déployée.
Vous avez des rêves de Québec libre et de Louisiane cousine, sans même une pensées pour les vrais autochtones, Atacapas et autres Chitimachas, s'il en reste encore, qui doivent traîner comme des loques dans des réserves immondes.
Je partage votre détresse, licenciés abusivement. J'entends vos arguments : " trente ans passés dans la même entreprise à laquelle nous avons tout donné ". Il en était de même pour moi et pour les pères de mes pères depuis plus d'un siècle et vous êtes pris de fou rire devant ma " nostalgérie ".
Votre empressement à prôner le " droit d'ingérence " me fascine tout autant que votre refus d'engager votre armée déjà bien éclaircie. En fermant les yeux, avec une moue de dédain, vous enverrez la légion sur qui vous avez tant craché, ils peuvent bien crever eux, ce sont des étrangers !

Vous m'avez traité de bougnoul, de bicot, de melon, et c'était moi le raciste ! De colon, moi le fils d'une lignée d'ouvrier et de laborieux qui ne possédait rien d'autre que les parfums de la terre berceau, qui m'avait vu naître. Vous m'avez dénommé facho alors que mes pères sont venus chez vous, combattre le " boche " en 14 et bouter les nazis de la terre que bon nombre d'entre vous avaient renoncé à défendre.
Mais vous l'avez oublié puisque vos références historiques tiennent en quelques films mal ficelés, aux plans largement orientés.

Je suis surpris par vos connaissances historiques qui vous font célébrer avec ferveur le 17 octobre 1961 et vous font ignorer le 26 mars 1962 et le 05 juillet 1962.

Si je respecte profondément vos fils, même les quelques uns, qui sont venus, avec mauvaise grâce, pour conserver ma province dans le giron de la France éternelle, je me désole de vos réflexions qui voyaient un engagement inutile pour une cause qui ne vous concernait pas. Il est vrai que les gosses de chez moi, ne méritaient pas d'être défendus et sauvés.

Pourtant qu'il est lourd votre silence sur les cinq cents militaires français disparus après ce cessez-le-feu que vous avez reçu avec soulagement.
Notre sort ne pesait pas bien lourd et on sait bien qu'une fillette de France, blessée dans un attentat, faisait la Une des journaux alors que nos petits égorgés ou fauchés par les mitrailleuses des gendarmes, n'y tenaient pas trois lignes après la page des sports.

Vous vouliez la " paix en Algérie ", mais vous qui vous proclamez " Justes ", y avez amené des armes cachées dans des valises qui contribuèrent à envoyer ad patres, vos fils précédemment cités, que vous aimiez tant et accessoirement ce quidam de " colon " qui ne récoltait, selon vous, que ce qu'il avait semé.

Vous vous révoltez lorsqu'une bande de maniaques obscènes, s'amuse à taguer quelques dalles dans un cimetière et vous faites silence sur la tombe de mes anciens profanée sans vergogne.
Vous pataugez encore dans le sang d'une république libératrice, qui se devait d'abolir des privilèges et en a édifié d'autres beaucoup plus sournois, sur lesquels vous vous cramponnez désespérément.
Vous adulez un homme que vous avez aussi traité de facho et que vous congédiâtes, avant de le prendre en exemple aujourd'hui pour tout et n'importe quoi. Le plus illustre des français dites vous !
Sa constitution, il l'a violé allègrement avec votre aide puisque vous avez décidé de mon sort en m'empêchant de voter, moi, principalement concerné.(1)

J'étais un immigré indésirable avec papiers en bonne et due forme, vous me fîtes de beaux présents : mes actes d'état civil au ministère des affaires étrangères et une immatriculation spéciale, numéro 99 signifiant étranger et un dza pour signe distinctif.

Vous m'avez accueilli comme un chien qui renverse les quilles qui soutenaient branlantes vos certitudes factices et votre inconscience démesurée, car je venais, disiez vous " manger le pain des français. "
Vous m'avez méprisé, humilié jusque dans le fond des salles de classes.
Vous me refusez le droit d'honorer le souvenir de ceux qui m'ont défendu lorsque l'armée française assistait, l'arme au pied, aux meurtres et aux enlèvements des miens.
Vous m'insultez encore parfois, en réduisant ma culture à un verre d'anis gras, aux merguez grillées sur un plat de couscous et à une danse du ventre.
Je vous vois parfois rouler des mécaniques, marquant votre différence par cette appartenance à cette France des lumières. Ce phare de l'humanité, qui n'est plus qu'une veilleuse tremblotante sur laquelle vous soupirez sans cesse.

Je vous dis mes souffrances vous haussez les épaules. Je vous raconte des faits, ils vous indiffèrent. Je vous montre des photos et vous tournez la tête.

Mais je ne vous hais pas ! Parfois même je vous plains. Lorsque vous sortirez de votre léthargie, puisqu'il le faudra bien un jour, quand vos préoccupations de confort passeront au second plan, parce qu'il vous faudra simplement survivre, vous assisterez impuissant à la déliquescence. Il n'est pas encore temps. Il faut vous étourdir pour nourrir vos chimères. Et lorsque le jour viendra, j'aurai un avantage sur vous, maigre consolation certes, mais je sais à quelle sauce nous serons dégustés.
Je vous ai prévenu, vous ne m'écoutiez pas.