Charles Martial Allemand Lavigerie, cardinal archevêque d'Alger et de Carthage, primat d'Afrique, fondateur missionnaire et militant contre l'esclavage, est né près de Bayonne dans la région Basque du sud de la France. Après ses années de scolarité, il a fait des études de théologie à Saint Sulpice, à Paris. En 1854, après être rentré dans les ordres, et après avoir poursuivi d'autres études, il est nommé professeur d'histoire de l'église à la Sorbonne, à Paris. En 1860, dans sa qualité de directeur d'oeuvre pour les écoles orientales, il a voyagé au Liban et en Syrie pour coordonner l'administration d'aide au chrétiens de ces pays suivant le massacre des Druses. Au cours de ce voyage il a rencontré le leader algérien en exil, Abd el Kader, et a été impressionné par ses qualités humaines et sa culture islamique. Il s'est aussi intéressé aux églises du rite oriental, et c'est ainsi qu'il a pris connaissance des deux menaces principales à leur existence : la pression musulmane et la latinisation catholique. Dès son retour il a rejoint le personnel du Vatican en qualité d'auditeur du Rota Romain. C'est à cette époque aussi qu'il a fait la connaissance de Daniel Comboni, et qu'il a pris conscience de ses idées sur la régénération de l'Afrique.

Il se fit surtout connaître lors de l'épisode des massacres d'Orient qui fut aussi un moment important pour sa vocation future. A la suite d'un véritable complot, 200 000 chrétiens furent odieusement massacrés au Liban, en Syrie et dans toute la région. Il fallait ajouter à ces morts 200 000 chrétiens errants sans abri qu'il fallait prestement secourir. L'abbé Lavigerie réalisa une campagne éclair avec des conférences pour lever des fonds. Au final, la souscription s'éleva à un million de francs, somme colossale pour l'époque. Il put ainsi mener une expédition de sauvetage en Syrie. Il visita pendant 3 mois les communautés chrétiennes décimées. A Deir el Kamar, il découvrit 2 700 corps non ensevelis depuis 3 mois et surmontés d'un nuage de corbeaux. Dans les villages traversés, il forma des comités d'aide richement dotés. Cette expérience fut décisive pour sa carrière de missionnaire.

En 1863 il a été nommé évêque de Nancy, en France, et il a été mis sur la liste de ceux qui prendraient le poste important de l'archevêché de Lyon. Par la suite, il a refusé ce poste prestigieux et a demandé plutôt le siège colonial d'Algers, où il est nommé archevêque en 1867. L'Algérie était devenue une colonie française en 1830, et sous Napoléon III avait été désignée "royaume arabe." Les autorités françaises n'étaient pas en faveur du prosélytisme auprès des musulmans.

Pour expliquer la réticence des autorités à l'évangélisation des indigènes, on peut citer que le premier évêque d'Alger ne fut nommé que tardivement après la colonisation et surtout grâce à l'intervention de l'émir Abd el Kader qui reprochait publiquement aux Français de n'avoir aucune religion. Mgr Lavigerie s'adressait aux Arabes avec les termes suivants : " Je réclame le privilège de vous aimer comme mes fils, alors même que vous ne me reconnaîtriez pas pour père. ". … Il partit en France rencontrer l'Empereur et lui demander l'autorisation de fonder dans les montagnes de Kabylie quelques œuvres hospitalières. L'Empereur très favorable à ce projet le renvoya au maréchal de Mac Mahon, résolument hostile. A son retour, l'archevêque entama la construction de plusieurs églises, mais surtout il continuait à lutter pour obtenir la liberté de l'apostolat (être apôtre en évangélisant).
En 1867, le choléra s'abattit sur l'Algérie, et à ce fléau se rajouta l'invasion des sauterelles. Le pays fut décimé, et le bord des routes était jonché de cadavres. Tandis que les autorités françaises délibéraient, l'archevêque se mit à l'œuvre. Les secours officiels ne parvenant qu'aux chefs de famille, il concentra ses efforts sur les orphelins qu'il accueillait dans l'évêché même. Rapidement les ressources vinrent à manquer et même les soutanes violettes de l'archevêque y passèrent. Pour combler le déficit, Lavigerie se rendit à Paris où il reçut quelques secours. Surtout, il fit publier une lettre dans tous les journaux décriant la situation en Algérie. Il terminait en justifiant son initiative par ces paroles brûlantes de charité : " Je suis évêque, c'est-à-dire père, et quoique ceux pour lesquels je plaide aujourd'hui ne me donnent pas ce titre, je les aime comme mes fils, et je cherche à le leur prouver ; heureux, si je ne puis leur communiquer ma foi, d'exercer du moins la charité envers ces pauvres créatures de Dieu. " Cet appel eut un écho retentissant jusque dans les assemblées parlementaires.
Pour maintenir l'orphelinat pendant une année, les besoins eurent été colossaux, largement supérieurs aux possibilités de l'archevêché. Il fallait s'occuper de plus de mille orphelins et nourrir en plus 200 indigènes. Dans la province d'Alger, les secours de l'Eglise étaient cinq à six fois supérieurs à ceux de l'Etat. Bientôt, le typhus s'ajouta à tous les malheurs précédents. Mais l'archevêque pouvait écrire ces lignes : " Tout, tout, sans exception, et les soucis, et les fatigues, et ce qu'on appelle les espérances humaines évanouies, tout est compensé par la douceur de cette pensée : il ne s'est pas présenté à moi, dans ces jours de deuil pour l'Algérie, une seule infortune que j'aie repoussée ; il n'est pas venu un seul de ces pauvres enfants frapper à ma porte ou à celle d'un prêtre chrétien, sans que je lui aie dit : Mon enfant, je serai ton père. " On avait dit que les orphelins se sauveraient dès le printemps ; il n'en fut rien, bien que l'archevêque eût prescrit de ne retenir personne par force.
Néanmoins, Lavigerie était clair sur sa mission : il était venu pour servir l'ensemble du peuple algérien, et son objectif ultime était d'évangéliser le continent africain. A cette fin il a fondé la Société des Missionnaires de l'Afrique, (les Pères Blancs) en 1868, et les Soeurs Missionnaires de Notre Dame de l'Afrique (les Soeurs Blanches) en 1869. Malgré un début difficile, ces sociétés missionnaires internationales ont attiré un grand nombre de recrues en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, et au Canada. Lavigerie a établi des orphelinats et des écoles pour les enfants victimes de famines successives en Algérie. En 1868, il a été nommé délégué apostolique au Sahara et au Soudan par le pape Pie IX, et dix ans plus tard, le pape Léon XIII lui a confié l'évangélisation de l'Afrique au sud du Sahara. En 1878 il a mis sur pied une faculté de théologie à Jérusalem pour étudiants catholiques du rite grec melchite, mais son désir d'arrêter la latinisation en devenant lui-même patriarche latin de Jérusalem n'a pas été réalisé.

A partir de 1878, les missionnaires de ses societés se sont établis dans la région des grands lacs en Afrique orientale, et après sa mort, dans les territoires français de l'Afrique occidentale. Nommé cardinal en 1882, Lavigerie a ranimé l'ancien siège de Carthage, avec le titre "primat d'Afrique," quand la France a annexé la Tunisie. Durant toute l'année de 1888, Lavigerie a mené une campagne personelle contre l'esclavage dans toutes les capitales européennes. Au cours de cette campagne, il a révélé les expériences déchirantes de l'esclavage en Afrique équatoriale dont ses missionnaires étaient témoins. La campagne a eu pour résultat des congrès contre l'esclavage à Bruxelles et à Paris. En 1890, suivant la demande du pape Léon XIII, il a prononcé le célèbre "Toast d'Algers" pour rallier le soutien du gouvernement républicain français. Cet acte lui a coûté le soutien considérable qu'il reçevait de la part des catholiques français conservateurs. Lavigerie était un homme passionnément humanitaire, doté d'une grande prévoyance. Il frôlait souvent les controverses, mais il croyait fermement que les chrétiens africains étaient pleinement capables d'entreprendre l'évangélisation efficace de leur continent.

Il y met tout son prestige pour la mener à bien, huit mois où il parcourt l'Europe, preche, alerte la presse et met sur pied des comités dans la lutte contre l'esclavage. " Depuis environ un quart de siècle, plus de 26 millions de victimes ont été livrées à l'esclavage et à la plus horrible mort. Deux millions de créatures humaines disparaissent par an, c'est à dire 5 000 Noirs massacrés, enlevés, vendus chaque jour s'il on compte les victimes de toute l'Afrique... c'est la destruction de tout un continent. "

Le 24 novembre 1892, le Cardinal tombe dans le coma.
Il meurt dans la nuit du 25 au 26 novembre à une heure du matin. Les funérailles eurent lieu, tant à Alger qu'à Tunis et Carthage.
Le corps fut conduit à Tunis et déposé le 8 décembre 1892 dans le caveau préparé pour lui à Carthage, sur la colline de Byrsa. Actuellement, il repose à la Maison Généralice à Rome.

Cardinal d'Alger et de Carthage, Délégué Apostolique pour le Sahara-Soudan, chargé de l'organisation des Missions du centre de l'Afrique, animateur de la campagne antiesclavagiste, promoteur du Ralliement des Français, fondateur de congrégations et de tant d'oeuvres charitables, éducatives ou sociales, il ne songeait pourtant pas au repos. Il avait parcouru plus de 350 000 km durant sa vie.
Plus de 90 fois, il avait traversé la Méditerranée.
Et les voyages à l'époque n'avaient rien d'une croisière de plaisir.

http://1erevdc.free.fr/troupe/souvenir/lavigeri.htm &
http://peres-blancs.cef.fr/portrait1.htm
Extraits

Voir aussi : http://www.kaowarsom.be/documents/bbom/Tome_III/Lavigerie.Charles_Martial.pdf

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Mis en ligne le 31 décembre 2013

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